mardi 21 avril 2020

à qui sait attendre

Date = 23 septembre 2019
Tout vient à point à qui peult attendre.
J'ai plaisir à citer Rabelais
mais dans ce cas présent, l'expression se vérifie, j'espérais avoir l'occasion de collecter ce bois. A l'Hôtel de la Tour, à Valros, la piscine est entourée de cinq ou six mûriers. Trois d'entre eux sont bien malades et je m'attendais à trouver un élagage sévère, ma seule crainte était de trouver les branches sacrifiées réduites en copeaux. Cette année, j'ai pu en ramener un échantillon et nous allons voir ensemble l'aspect de ce bois. Suite aux tailles annuelles pour former une belle couronne compacte, les rameaux sont noueux à l’extrême. J'ai toutefois essayé d'avoir les incidences habituelles, du fait de la maladie qui les atteint, nous nous trouverons en présence d'anatomie pathologique à coup sûr, mais les grandes lignes se vérifient.





Le bois du mûrier est documenté chez Mathieu, chez Beauverie,  chez Lieutaghi, chez Venet et sur Wood database.
C'est dire qu'on va avoir de la lecture. Je commence par une petite synthèse des données de Wood database :
  Mulberry, PS 0,690
  Janka hardness 7,470 N
  module rupture 80.6 MPa
  module élasticité 9.32 GPa
  retrait rad 3.3 tgt 6.6
une réflexion s'impose : l'importance du tissu fibreux ne serait il pas à mettre en parallèle avec les qualités mécaniques attribuées ?

Passons maintenant en revue les "Anciens"
Mathieu (1897) :
...malgré la distance qui sépare le mûrier du robinier en nomenclature, le premier produit un bois presqu'exactement semblable à celui du second par la texture, la couleur et les qualités supérieures. Cependant le bois du mûrier peut encore se reconnaître aisément au réseau mieux accusé et beaucoup plus fin que dessinent sur la section transversale les petits vaisseaux associés à du parenchyme de la de la zone médiane et externe de chaque couche ; d'ailleurs, ce bois, d'un jaune clair à l'état frais, acquiert avec le temps, une teinte d'un brun-rougeâtre, tandis que le bois du robinier devient brun-jaunâtre.
Comme dans le robinier, l'aubier est peu abondant, réduit à 3-5 couches ; il est blanc, nettement tranché
Les usages sont repris chez Beauverie

Beauverie (1905) :
Bois. — Les rayons médullaires sont fins, mais distincts, peu serrés; les vaisseaux sont inégaux: ceux du bord interne sont plus gros et constituent une zone poreuse, ceux de la partie moyenne et du bord externe sont de plus en plus petits et espacés, ils sont plus ou moins groupés de manière à former des lignes courtes, dendritiques et concentriques.
Tous ces éléments sont conjoints par un tissu fibreux à parois épaisses et très incrustées, qui est dominant.
Le parenchyme ligneux est apparent autour des vaisseaux et rend leur groupement plus distinct.

Ce bois est jaune à l'état frais et devient brun-rougeâtre en se desséchant. L'aubier est nettement distinct du cœur, il est peu abondant, blanc légèrement teinté.
Le bois du mûrier est dur, nerveux, lustré. Il convient très bien au charronnage et donne de bons échalas et d'excellents gournables (chevilles) pour les constructions navales.
C'est un bois de fente estimé; les tonneaux pour le vin fabriqués de ce bois communiquent au liquide un petit goût agréable rappelant la violette; on en fait encore de la menuiserie, de la boissellerie.
Sa couleur jaune, et le beau poli qu'on peut lui communiquer, le font employer pour l'ébénisterie, la marqueterie, le tour. Sa densité est: 0,614 à 0,772.
La récolte des feuilles pour l'élevage des vers à soie a pour effet de réduire le bois terminal donc de rendre le poids spécifique moindre (bois plus poreux, plus léger avec cernes plus rapprochés)

Plus proche de nous, Lieutaghi en 1969, nous apprend que le mûrier noir très proche du mûrier blanc qui était cultivé pour son feuillage (ver à soie) est spontané autour du Caucase et de la Caspienne. Connu en Grèce classique il a été introduit dans nos régions il y a fort longtemps.
Pour ce qui est du bois, il ne s'écarte pas des précédents et note que les feuilles ne sont pas du goût des vres à soie, mais que les fruits sont dévorés frénétiquement par la volaille. Il n'y a pas que...

Plus proche encore, Venet en 1986 dit au sujet de ce bois :
le Mûrier Morus nigra ordre des Moracées (avec le Ficus)
C'est un bois hétérogène à zone initiale poreuse bien caractérisée, les rayons ligneux sont fins mais aparents à la loupe en section transversale. En section radiale brute de fente, ils donnent de petites mailles brun-noyer, plus foncées que le reste des tissus. Les vaisseaux du bois d'été ne forment pas d'alignements très nets, enrobés de parenchyme, comme les ormes ou le micocoulier. Ils sont isolés ou groupés par 2 à 4 Radialementet, parfois, ces petits groupes desinent des alignements tangentiels discontinus. Le bois de mûrier présente un aubier blanc-jaunâtre et un duramen brun-doré ou brun-tabac, plus clair en général que celui du cytise.
Sa densité est de l'ordre de 0,6 à 0,7. Il est employé en marquetterie et pour fabriquer des petits objets de bureau. C'est aussi un bois de tournerie.

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