jeudi 30 mai 2013

Morosité.


Il y a bien eu quelques heures ensoleillées, juste de quoi planter les plants de tomate et leur construire un abribus de fortune...en soirée de ce lundi 27 mai la pluie se réinstallait.
Après un mardi tout mouillé et froid, l'entretien de la voiture était prévu pour  le mercredi... deux heures à passer pendant le travail.
Bonheur, il pleuvinait pendant l'aller, mais j'ai pu faire un peu de marche le long de la Houille quasi sans une goutte.


Il m'a piqué la priorité...










malgré les averses, on essaye de semer comme on peut.
eaux vives, mousses et roches



sur cette petite plage il y a une trace d'ongulé et aussi celle d'un animal a griffes ...

Et le tournage pendant ce temps ?


à toujours se précipiter dans de nouvelles formes, dans des essais divers, je remarque qu'on approfondi rien
Que des pièces restent même en suspens, parce que on ne voit pas bien comment continuer...

Mais ces abandonnés peuvent parfois donner l'occasion d'une reprise.
Ainsi le bol tourteau qui attend depuis quatre années qu'on le termine 01.
C'était le premier essai de tournage multiaxes inspiré par le travail de Brendan Stemp (j'en ai entrepris un autre, mais là, il est en très mauvaise voie et je ne vois vraiment pas ce que je pourrais en sauver...)
J'étais satisfait de la forme générale au point d'en avoir fait la jaquette pour le DVD qui réunit les informations tournage sur bois. Ce qui n'empêche que sa base et son ponçage étaient toujours à terminer 
Lors de sa présentation sur forum, j'écrivais:
Ce n'est pas encore achevé parce que:
1/ difficile de décider quand on termine de poncer (là, je ne suis qu'à 240 et je suis occupé de construire des systèmes pour aller poncer dans les articulations de la bête 
-suppositoires sur lesquels je pense coller des pâquerettes d'abrasifs récupérées de disques qui usent toujours plus sur les bords qu'au centre-)
2/ la base n'est pas terminée. Je ne sais si je la laisse telle ou si je sculpte des pieds/pattes. Dix en principe mais quatre seraient mieux dans le cas présent, la bête reposerait sur quatre coins.
3/ je pense tourner un couvercle ce qui en ferait une boîte tourteau. Je texturerais le bord de la carapace et lui ferais quatre yeux...des petites antennes ? Sais pas.

Je reprends donc la bête en main (plus question de la mettre au tour ce serait aléatoire et compliqué)
...et j'ai droit au jugement de Mon Critique:
Les pattes/pinces sont trop épaisses: c'est vrai et je l'ai remarqué, mais c'était sur le tour que je pouvais affiner leur calibre, c'est trop tard et on devra y penser pour un prochain...
En attendant, j'ai opté pour quatre pattes de façon à alléger la base. C'est du travail à la main, grosse fraise à picots suivie de la mise en forme avec  les bent knives de North Bay Forge, des outils d'emploi très souple
un peu de mini râpe et papier abrasif et voilà...02
de ce fait, la face arrière qui n'était pas géniale (je ne l'avais d'ailleurs pas photographiée pour les forums) prend aussi un air agressif avec pinces.
il reste encore un peu de ponçage et une ou deux couches d'huile danoise pour aviver la teinte et je pourrai la considérer comme terminée.

dimanche 26 mai 2013

Saint Leu

Vendredi 24 mai, petite escapade à Paris (pour s'instruire)
Aujourd'hui, nous allons visiter une exposition au sujet des "indiennes" qui se tient au musée de la toile de Jouy à Jouy-en-Josas .
Assez rapidement on se rend compte que la journée ne sera pas délicieuse, et nous ne nous trompons pas, il va pleuvoir à verse la journée durant.


Le soir on trouve un resto italien, on y mange bien mais lourd la nuit ne sera pas facile.

Le samedi 25 mai, grâce au Duplex (un tunnel sur la 86) nous passons facilement et rapidement du sud au nord de Paris pour joindre Saint-Leu-la-Forêt où se tient la 25ème édition du festival artistique Tout Feu Tout Flamme.
Nous savons que John y fait des démonstrations de tournage, mais il y aura beaucoup d'autres choses aussi.
Il faut noter que la journée est ensoleillée, ce qui est bienvenu !
On voit ainsi de plus près les bols cordé de Yann Marot
Les ajourages de Claudine Thiellet
Des nouveautés de Sébastien Panis

Et il n'y a pas que du tournage bien entendu, restons dans le bois avec Jean Claude Bischoff

Bonheur, je retrouve les compositions avec du verre de Julie Gonce, j'avais vu une pièce à Colmar, j'avais consulté son site, mais ici je peux mettre le nez sur sa pièce avec mousses sur bûche
certaines céramiques dont je n'ai malheureusement pas noté l'auteure

Des rencontres avec des gens d'autres horizons, ainsi, Sabine a pu parler machine Cornely avec une brodeuse qui en possède une, nous avons vu des tas de belles choses et entre autres, chez Pascal Geoffroy, un potier qui s'est spécialisé en Shino. Je n'ai pas hésité une seconde et Sabine m'a offert une boîte à thé superbe.
 Il n'y aura jamais de thé dedans, mais j'ai une céramique Shino. Un rêve caressé longtemps...

lundi 13 mai 2013

Ruine

Nous payons, parfois cher, le droit d'entrer dans des monuments antiques dont ne reste qu'un squelette.
Ce squelette atteste que là, des hommes ont bâti et que au travers le temps ce témoignage nous est resté.
Le bois, ce bois n'est il pas un peu aussi un témoin. Témoin qu'il y a de nombreuses années, une cenelle d'aubépine a été prélevée par un oiseau. Mettons, un merle. Que ce merle a apprécié ce fruit, que satisfait, il s'est posé un moment.
Là où est cette haie vive.
Là où bien plus tard je me suis trouvé dans l'obligation de couper cet arbre.
Que, entre temps un insecte, une secte d'insectes, trouvant cet arbre suffisamment affaibli, par les années, par les aléas, ont trouvé opportun d'y pondre leur descendance. Que laborieuses, les larves issues de cette ponte y ont accompli leur oeuvre en trois dimensions. Que même, des générations se sont succédées dans cette besogne pour en finale transformer ce crataegus en cadavre debout...
Et c'est là que j'interviens, tourneur fossoyeur...disons plus à propos tourneur embaumeur.
Et c'est cette histoire que je vais raconter.


Est ce dû à une vidéo que j'ai regardée sur youtube...mon épouse prétendra que oui.
En réalité j'y pensais depuis longtemps. Enfin, depuis quelques temps.
Donc ce n'est pas cette vidéo montrant le démontage d'un séquoia de soixante mètres qui m'a influencé, non, j'avais déjà remarqué que cette aubépine montée en arbre n'était plus en bonne santé. Mais cet hiver j'avais vu les trous des vers, je savais que certaines branches étaient sèches. Mais par acquit de conscience, j'ai attendu les bourgeons pour être certain.
Et certain, je l'ai été. Tout l'arbre était mort sur pied.
Alors le dimanche 5 mai, on l'a démonté, seule chose faisable au milieu de toute cette végétation (qui fait mon plaisir) 01

J'ai donc maintenant un certain stock d'aubépine, attention aux méchantes petites épines trapues qui peuvent rester à même le tronc.02
Une partie est pas mal squattée par des vers mais l'autre est saine, elle en a l'air du moins et la sève ne montait plus. Mais attention, il faudra être prudent car un tronçon exposé au soleil présentait des fissures après un jour. Donc les plus précieux morceaux sont en cave et il faudra les surveiller.
Le reste me fait un bon bois de feu paraît il, enfin, il n'y en a pas des masses.

Donc, ainsi que prévu, j'ai prélevé un tronçon avec pas mal de traces. Entre pointes j'ai commencé à le cylindrer 03 découvrant quelques copropriétaires qui ont du subir la loi du plus fort 04
et j'ai rapidement compris qu'il ne sera pas possible de compter sur ce bois pour une prise mandrin. 
Puisque j'ai de la matière sous la main, j'ai collé un martyr qui est plutôt un manchon dans lequel le bois suspect rentre profondément et j'ai profilé ça pour une prise en compression 05 et 06
Du côté où je vais creuser, j'ai aussi collé un anneau en bois sain d'aubépine de façon à ménager un bord correct qui ne s’effrite pas...07
Et pour le creusage deux garanties valant mieux qu'une seule, j'ai entouré la portion qui me paraît la plus fragile avec de la bande adhésive. 08
Voilà, le creusage est considéré comme terminé, on ne reviendra pas sur ça. on n'a d'ailleurs pas intérêt 09

Mais où ai-je donc mis les pieds ? Plus ça va moins je vois comment je vais m'en sortir.
J'ai commencé à enlever les déjections de vers qui colmatent les trous 10 (il faut bien si je veux de la dentelle) et sur un des côtés les portions de bois qui restent entre les trous des vers ne sont pas en presqu'îles...non, ce sont des îles ! 
Il faut donc bien qu'à certains endroits je fasse des ponts en époxy...et dire que je vais devoir remettre ça au tour !
l'époxy a été placée en utilisant un coffrage moulé en plasticine ce qui donne une jonction avec le col 11

Il ne faudra pas trop jouer avec des masses d'époxy, parce que esthétiquement, ce n' est pas trop esthétique. 
Mieux vaut des vides, mais là il n'y avait pas le choix. on va maintenant devoir rectifier ça sur le tour. Pour sécuriser avec un appui sur contre pointe (sans serrer surtout...) j'ai tourné une empreinte que je fixe sur ma pointe Nova® et en y allant délicatement 12
Bon, jusqu'ici il n'y a pas encore eu de drame et voilà où j'en suis le jeudi 9 mai au soir
Journée du vendredi, lente progression (sans doute vers le désastre) renforcement systématique par l'intérieur si possible des morceaux qui autrement se désolidariseraient.

Mais, voilà que le renfort d'Epoxy, cette consolidation soigneusement rectifiée, fait tache. 
Elle fait tache de par sa netteté, ce qui n'a pas échappé aux yeux de mon épouse. Donc, après en avoir discuté...
Le samedi 11 mai,après avoir fait un petit essai; je me sens obligé de refaire un travail de larve qui s'intégrera mieux dans le contexte de cette ruine. J'ai donc recreusé à l'identique sur une petite profondeur. J'ai réduit des morceaux de conglomérats laissés par les vers en fine poussière. J'ai tapissé le fond de mes "galeries" avec de l'époxy liquide et j'ai généreusement saupoudré avec la poussière d'origine...13
J'ai ensuite continué sur la dangereuse piste de la désobstruction consolidation pour me décider en fin du compte à couper le cordon et terminer le fond sur un montage dédié 14.
Je ne vois qu'un titre qui convient: Ruine
le problème maintenant sera de lui trouver un "socle" qui convient.Dans cette attente, je l'ai provisoirement posé sur un trépied en lames de verre qui appartient à une autre pièce.
 ce travail,  comme beaucoup d'autres adresse à la notion de  無常 l'impermanence, la fragilité obligée de toutes choses.
L'inachevé en voie de dissolution.

dimanche 12 mai 2013


Pour compléter la chronique...si le ciel n'est plus clément ces derniers jours, on compense.
Et pour que ça ne sombre pas dans l'oubli, parmi d'autres choses, notons ici:
   Des escalopes de ris de veau avec des morilles, un peu de pied de porc.
   Accompagnés par des asperges sur croûte feuilletée.
   Sur les asperges, une sauce beurre crème cerfeuil
   Sur les ris, sauce crème fumet des morilles avec un peu de Pinot Gris en finale
                                                       Pinot Gris 2007 de Charles Schleret

cette variété nous a permis de nous rendre compte que l'association couenne de pied et morille est fabuleuse. Un couple épatant dirait Lucas Belvaux.
Et avant que ce dimanche 12 mai se termine, une dernière photographie. Au début de ce chapitre, je parlais de l'orchis, elle se déploie, à preuve.
Par contre, le fleurs de la glycine attendent toujours un feu vert qui se fait attendre. A force, les feuilles seront présentes avant...

Hésitations


C'était à suivre...
et ça ne suit pas bien. J'hésite sur le traitement, j'hésite sur la façon de le faire, j'hésite sur la finalité...ça va faire pas mal de choses en rade...
Voilà, comme je ne sais quoi faire j'ai rapidement tourné deux petites choses et je vais essayer là dessus.
En voici une. C'est aussi en frêne, rapidement texturé, teinté avec encre "terre de Sienne brûlée" pyro sur le bord. J'ai passé deux couches de métal cuivre et sur la seconde, tout de suite de la patine bleue.
Résultat médiocre amélioré petit à petit par dépôt direct du liquide patine dans certains reliefs...pas génial...
Ce qui par contre est génial, c'est le beau temps dont nous jouissons pour le moment. Pas exagérément chaud, mais bien ensoleillé.
Résultat, les petits pois montrent leurs pousses et la glycine nous promet une floraison profuse...on attend


et pas que la glycine, l'orchis qui n'avait pas fleuri en 2012 pointe aussi

bref...tout arrive

et il n'y a pas que ce qui pousse. Ce qui ne pousse pas nous a fait prendre une décision tranchante...mais ça on en reparlera plus loin.

jeudi 2 mai 2013


Il y a quelques temps, j'avais commencé une pièce et j'en ai parlé ici.
Comme beaucoup d'autres, cette pièce connaît un temps mort. La page blanche.
L'indécision...bref c'est en rade.
Alors, en attente d'idées, en attente de (bonne) décision...je viens d’entamer cette pièce à partir d'une chute.
Le bois dans le sens du fil, c'est sur le bord d'une pièce en attente.
Sur une extrémité il y a pas mal de fissures et pas toujours des petites. Mais c'est justement de ce côté que les champignons ont fait le plus de décorations. Alors on va essayer de consolider ça avec des papillons.

Je regarde souvent VW, la pièce avec bord "naturel" et trois pieds et je me dis à chaque fois que sans cette corolle la forme générale serait pas mal non plus. Alors j'ai découpé un bloc pour essayer d'en faire une dans le genre. Et ce faisant j'ai mis la main sur ce bout de bois qui va me permettre de faire quelque chose plus petit, mais avec une prédominance verticale.

Entre pointes au début, j'ai ménagé une prise en compression en respectant le plus possible le volume (j'aurais pu faire en sorte de coller un martyr, mais alors on reparle de délais et il y a déjà pas mal de choses en attente)
Ceci ne nécessite pas d'illustration, mais à partir de maintenant, je vais essayer d'illustrer avec des photos groupées par deux dans une sorte de cadre "pellicule à grand-papa"
La marque du film - montrer pour apprendre - n'est pas anodine:
pour apprendre aux autres, sans doute. mais aussi parce que montrer fait mieux connaître à soi même...

J'ai donné une forme générale approximative et avec cette prise, j'ai creusé l'espace interne des pieds (la même technique que pour Victor Horta mais en moins compliqué)
Pour les découpes entre les pieds,quatre trous de 8mm 01 rectifiés avec mini râpe Milani®  02

(trois trous sont suffisants) et rejoints par traits de scie 03 et 04.

Rectification du fond de ce qui va devenir un bol avec l'outil Munro® 05
J'ai collé la partie base circulaire sur un martyr qui va me permettre de prendre dans un mandrin pour faire le creusage et pour terminer 06.
J'ai commencé le renfort par papillons en Partridgewood. J'ai choisi ce bois pour deux raisons
1/ j'en avais des chutes 
2/ contrairement à l'ébène que j'avais d'abord retenu, on devine facilement le sens des fibres et le ramage est assez particulier.
Pour information, ce bois est plus connu ici sous le nom de Wacapou
les papillons sont collés avec de l'Araldite®
Après un jour, la colle est bien polymérisée, on régularise au tour 07 et en avant pour le creusage 08.
Un petit incident: avec toutes ces fissures, le bois à force de vibrer (même en y allant doucement) a fini par cisailler le joint de colle et heureusement la pièce n'a pas eu de dommages. Bien content d'utiliser des tampons martyrs avec le centre bien imprimé. Il a suffit de reponcer recoller entre pointes et trois heures plus tard j'ai repris le travail.

Voilà, on peut considérer que la pièce est hors tour, il reste à individualiser les pieds, achever le ponçage et décider le traitement de l'intérieur des pieds.
Soit laisser le bois tel, soit pyrograver dans chaque intérieur des stries en relief qui pourraient faire penser aux ventouses qui équipent les tentacules...je n'ai que trois appendices, si sur chacun je trace trois séries, j'aurai neuf tentacules groupées par trois... bizarre, mais plus proche du nombre officiel, non ?

Mercredi 1 mai (le muguet était là...)
on rêve, on rêve, mais le bois pendant ce temps, il travaille lui.
J'écrivais ces considérations hier soir et ce matin je constate qu'une fissure à peine visible au fond du bol laisse maintenant passer la lumière.Cette fissure est déjà consolidée sur l'autre face non loin du bord...si elle s'étend, il n'est pas sorcier de deviner ce qui va se passer lorsque je désolidariserai les pieds...
le grand écart ouais...
Zut, il va falloir se fendre d'un sixième papillon. Et à placer entre les pattes de la bête en plus :( 09
Fallait pas pleurer...y a juste un peu de retard, mais on a le temps non ? 10



Et comme j'en ai pris le goût, une petite photo upside down

Et en prime il fait beau, les butineurs vont pouvoir visiter les fleurs de nos fruitiers.