mercredi 31 août 2016

anabois 8, suite à la queue leu-leu

je vais continuer avec des doutes. Je devrai peut être revoir ce que j'écris ici, mais il y a vingt ans j'avais préparé certaines ébauches, je les avais notées d'une main sûre donc je devais savoir à quoi m'en tenir.
Je vais faire confiance mais je préfère introduire ce petit avertissement.

on commence avec les Anacardiacées  qui comptent deux genres
le sumac  Rhus typhina
là, je n'ai aucun doute pour ce qui est du rhus, il est dans mon jardin.
duramen jaune-brun-verdâtre veiné de brun foncé
Les zones initiales Poreuses sont d'autant moins distinctes que la provenance est méridionale.
ici on les voit bien, il faut dire que chez moi c'est le Nord :-(
Rayons ligneux très fins paraissant discontinus. Plus clairs que le reste des tissus
Vaisseaux très fins, en groupuscules radiaux formant parfois des figures dans la partie initiale du bois d'été
Ça c'est moins net sur ma photo
Densité moyenne supérieure
Mis à part les usages en extraits tannants et tinctoriaux, il s'agit surtout de bois de marqueterie de tabletterie d'Art...
Un usage particulier que j'ai découvert, c'est le séchage des cônes et leur usage en condiment pour les salades. J'en ai encore, ramené du bazar égyptien d’Istanbul il y a plus de trente-sept ans et il garde son acidité et son parfum.

le pistachier lentisque  Pistacia lentiscus (j'ai eu un petit doute d'avec le térébinthe mais il est levé)
c'est un bois lourd, très dur, très difficile à travailler, généralement veiné.
Le duramen est jaune-rosâtre veiné de brun-rose et de jaunâtre avec des mailles rouges
Bois homogène, zone poreuse discrète (avec vaisseaux plus gros et plus nombreux)
Rayons ligneux extrêmement fins et peu perceptibles en section transversale
Pores extrêmement fins non ouverts. Constituent des groupements et alignements assez curieux (ce qui n'est pas très évident ici vu la taille restreinte de l'échantillon)
Susceptible d'être poli, tourné, sculpté.
Chez Beauverie on trouve :
Le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus). — Cet arbre ou arbuste atteint au maximum 4-6 mètres de hauteur
Le bois du lentisque est blanc, blanc jaunâtre au niveau de l'aubier, lequel est bien distinct et assez abondant; le coeur a une agréable teinte rose, quelquefois un peu jaune avec un éclat satiné.
La distinction des vaisseaux en deux catégories est moins tranchée que dans l'espèce précédente;
les vaisseaux fins sont disposés en petites lignes claires, sinueuses et comme hiéroglyphiques.
C'est un bois lourd (densité: 0,757-0,876), dur, susceptible d'un beau poli.
Usages: ébénisterie, menuiserie. L'aubier est facilement atteint de vermoulure.
C'est un combustible de premier ordre, donnant un excellent charbon.
Je ne parlerai pas de l'usage de la gomme pour laquelle cet arbuste est cultivé à Chio, mais je veux signaler la présence d'une sécrétion sous l'écorce qui a tendance à empâter le tranchant des outils.


les Rhamnacées famille peu importante dont j'écarte le jujubier (je n'ai pas ce bois) reste :
le nerprun alaterne  Rhamnus alaternus c'est un bois du Sud, j'ai du le ramener à l'époque. Je n'en ai plus le souvenir précis mais la description colle assez.
Les nerpruns possèdent une zone poreuse souvent assez discrète, les pores étant seulement un peu plus gros que ceux du bois final ; le passage étant très progressif.
Les rayons ligneux sont fin, perceptibles à fort grossissement (X10)
Pores très fins, groupés en files radiales dessinant comme la trame d'un rideau ou un motif de tapisserie. Le parenchyme enrobe et souligne les alignements de pores du bois final.
L'aubier jaunâtre est bien distinct du duramen brun chocolat.
Bois lourd et dense utilisé en tournerie, sculpture pour de menus objets et en marqueterie.

Beauverie est assez laconique :
Les NERPRUNS, Rhamnus carthartica,Lin. et R.alerternus, Lin. (fam.desRhamnacées).
Bois dur et dense, à aubier distinct. Emplois: tour, marqueterie, ébénisterie.
Lieutaghi nous en dit un peu plus :
Le bois, l'un des meilleurs du genre, est très lourd (0,8 à 1,15 d'après Mathieu) d'un grain très fin,brun clair à brun foncé, plus ou moins veiné à l'état parfait. Il est sujet au retrait et quand on le travaille, il exhale une odeur fétide.  Je n'en ai pas le souvenir.
Il peut servir à des ouvrages de tour, de marquetterie, de menue ébénisterie mais les alaternes de forte taille sont rares ; il est inusité.

le nerprun alaterne que je présente provient d'un prélèvement vieux de vingt-cinq ans et j'avais un doute léger.
J'ai eu l'occasion d'identifier formellement l’arbuste au début septembre, j'ai d'ailleurs à cette occasion eu des hésitations entre nerprun et filaire (voir sous la rubrique de cet arbre)
Je publie ci dessous les illustrations du nerprun alaterne bien identifié
le nerprun purgatif  Rhamnus cathartica (mais je ne suis pas catégorique, c'est seulement ce que j'avais écrit sur l'ébauche)
tout ce que je viens d'emprunter à Venet s'y retrouve en bémol, la couleur est brun-rose et le bois est moins dense et moins dur
la fausse moelle un peu déprimée et décentrée est une mauvaise surprise : le passage d'un glouton que j'ai tant bien que mal essayé de stabiliser par imprégnation.

Lieutaghi écrit :
Le bois du nerprun n'est pas dépourvu de qualités. Très différent de celui de la bourdaine (ils sont souvent confondus) il est dur, lourd, susceptible d'être poli et travaillé au tour. Il ne semble pas avoir jamais été très employé malgré sa jolie couleur brun-rougeâtre clair et la taille non négligeable qu'il peut atteindre (?)
Les paysans en faisaient des cannes, avivant sa teinte par trempage dans la chaux vive sur le point de s'éteindre.
N'y a t'il pas une certaine confusion sur l'alaterne ?

Famille des  Éléagnacées
l'argousier Hippophae rhamnoides (Sea buckthorn)
...si l’arbuste n'est pas trop compliqué à trouver, il y en a de beaux massifs au long des côtes sableuses atlantiques, Manche et mer du Nord, les renseignements sur les quels s'appuyer ne sont pas légion.
Il n'est pas repris chez Venet
Si on cherche sur le web, on trouve beaucoup de renseignements au sujet des ses fruits pharmacologiquement miraculeux, mais rien ou quasi au sujet du bois.
Si, un site suisse en vend des carrelets (http://www.mb-tournage.ch/bois/carrelets-pour-stylos/argousier.html) et j'ai fini par trouver d'autres renseignements sur le web :
The timber of the sea buckthorn shrub is sturdy, tough and extremely long-lasting. The wood is also fine-grained and is commonly used for superior quality carpentry, turning and others. In addition, the wood of this shrub is also used in the form of charcoal and fuel. PS : 0.75

On va donc essayer de voir pourquoi ce bois au grain fin est solide et tout ça...
les cernes sont clairement visibles, le départ du bois initial est souligné par une abondance de pores enrobés de parenchyme. Certains de ces pores de taille assez importante semblent vides. Ces derniers  sont très peu nombreux.
Dans la suite les pores deviennent plus rares, sans doute plus petits, enrobés de parenchyme paratrachéal. La photo ne permet pas de détailler plus avant, mais il semble que tout devient plus diffus en approchant de la limite finale.
Rayons ligneux fins, nombreux, non visibles à l’œil nu.
Tissu fibreux abondant et ce déjà très tôt dans le cycle.
La limite de cerne visible est due plus à l'abondance du parenchyme de ce qu’on pourrait nommer une ZIP

Les caractères retenus plus haut seraient sans doute dus à l'abondance du tissu fibreux. Le bois est ferme sous le couteau, mais on pourrait redouter un clivage facile entre les cernes, résultat de l'abondance du parenchyme à ce niveau. Le cœur donne une impression de dégradé desséché, mais ce fait est du sans doute au temps passé par l'échantillon dans des conditions difficiles.


Lieutaghi n'est pas très disert (au sujet du bois du moins):
Le bois, lourd et dur, de dimensions toujours faibles est sans emploi. Il serait paraît il, presqu' incorruptible.

les Magnoliacées, essentiellement des arbres de parc
le magnolia Magnolia grandiflora
 
bois très homogène, zones d'accroissement légèrement soulignées par une fine bande de parenchyme terminal.
Rayons ligneux rectilignes, fins, perceptibles à l’œil nu
Bois léger (0.46 à 0.56 selon Wood data base) et tendre.
Bois clair, jaune ou blanc-grisâtre, parfois veiné de blanc-verdâtre.
On n'en parle pas dans mes sources.
Wood data base le renseigne d'usage général. Tournage compris.
Un usage spécifique : c'est dans ce bois que sont façonnés les sayas des lames japonaises pour le montage en shirasaya.

Famille des Berberidacées
le mahonia Mahonia aquifolium
j'aurai très difficile de trouver un tronc me permettant de tourner un dé hors cœur. En attentant, j'ai du tailler une branche gênante et j'en ai photographié la tranche.
Inutile de préciser qu'on ne parle guère de ce bois, la figure qu'il présente en coupe transversale est pourtant intéressante.
la couleur d'abord : un jaune soutenu et lumineux.
Les cernes bien identifiables j'ai coupé ce morceau dans sa dixième année.
Pores assez fins enrobés de parenchyme formant une bande quasi continue en début de zone initiale, en groupes orientés essentiellement en diagonale dans la suite.
Rayons ligneux inégaux légèrement ondulés et bien visibles à l’œil nu.
A ma connaissance, je ne vois que Norman Sartorius qui a utilisé ce bois pour certaines de ses cuillères.


cette page recevra quelques oubliés (tamaris  etc...) dans la mesure de leur disponibilité

mercredi 24 août 2016

Bucoliques

Tityre tu patulae recubans  sub tegmine fagi...

non non, le hêtre sera pour plus tard. 
Et d'ailleurs il ne sera pas question de bois aujourd'hui, mais promenons nous dans les bois...
Voilà, il fait beau, on n'y croyait plus mais tout peut arriver à qui sait attendre.
Alors, on fait un petit tour dans notre bois ?







Mais il ne faut pas croire que c'est le farniente,
et vivre, surtout manger dehors, peut apporter son lot de surprises. Telle cette chenille de psi (un papillon nocturne) qui s'est invitée sans vergogne
ça se mange ce truc ?
et cette autre visite d'un "poilu"... il y avait longtemps....
bien entendu, c'est Tokaï qui l'avait débusqué

et pour ce qui est du "fagus" cité en ouverture, il viendra... en son temps

Leaving (momentarily) wooden thimbles
some pictures I shoot during the good weather that has settled
This is our "small forest" and some visitors ...

Dejando (momentáneamente) madera dedales,
algunas  imágenes que yo he tomado durante el buen tiempo que se ha instalado
Este es nuestro "pequeño bosque" y algunos visitantes ...

dimanche 21 août 2016

Anabois 7 la horde des "uns"

ce sont toutes ces familles dont je ne possède qu'un représentant.
A ma décharge, il n'y en a souvent guère plus...

on va démarrer avec un bois du Sud dont le prélèvement m'a demandé en son temps pas mal de travail. Avec l'arbousier, il représente les Ericacées, la bruyère en arbre, Erica arborea
On lit chez Venet : joli bois brun-rouge fonçant à l'air à grain très fin se tourne et se polit admirablement. Pores enrobés de parenchyme et remplis de sécrétions qui les soulignent en groupements radiaux.
Rayons ligneux très fins.
Selon Beauverie :
BRUYÈRE EN ARBRE, Erica arborea Lin. (famille des Ericacées).
Bois d'un rouge cramoisi. Grain très fin, très homogène, très serré, susceptible d'un beau poli; densité élevée : 0,899-1,009.
La fibre en est malheureusement courte et cassante;il se gerce et se tourmente beaucoup.
Le bois de la souche, qui est très volumineuse, est très recherché pour la fabrication des pipes et autres menus ouvrages; sa fibre est contournée et son grain particulièrement serré.
Ce bois est employé aussi pour la marqueterie et le tour.

pour suivre, voici pour les Buxacées,  le buis  Buxus sempervivens

Les zones d'accroissement sont soulignées par quelques fibres plus épaisses au bord externe de la zone finale. Ce contour est souvent flexueux et les cernes sont souvent de faible largeur.
Rayons ligneux extrêmement fins plus clairs que le reste des tissus.
Vaisseaux solitaires, très petits, nombreux et dispersés.
Bois jaune légèrement veiné de jaune-brun
Densité élevée, grain très fin. Bois très dur mais se travaillant bien au tour (Venet)

Beauverie parle beaucoup du bois de buis :
C'est un des plus denses et des plus homogènes de nos contrées. Il est jaune, avec quelques zones plus foncées, légèrement brunâtres dans certains échantillons; il se tache de jaune verdâtre par suite d'un commencement d'altération. Le coeur est généralement altéré dans les échantillons un peu fort de ce bois qui, d'ailleurs, ne devient pas gros.
C'est un bois précieux d'un prix très élevé; il est particulièrement recherché par les graveurs, tourneurs, pour le tour de premier ordre, tourneries de Saint-Claude, confection des mesures linéaires, tabletterie ; on en fait encore de menus placages teints pour la marqueterie...
Le bois de buis, très dur et à grain très fin, convient très bien à la gravure.
On emploie parfois dans le Jura et la Haute-Marne un procédé spécial en vue d'obtenir des loupes de buis, qui sont très belles. Pour cela on passe, sur la branche qu'on veut transformer en loupe, des anneaux en fer; chaque année on coupe les petites branches qui ont poussé entre les anneaux et, pour
que la branche principale ne souffre pas, on conserve les pousses des extrémités. A mesure que la branche se développe, les douilles deviennent trop étroites et la sève, s'extravasant sur les branches coupées, vient former des loupes rondes et à peu près régulières.
Il y aurait encore beaucoup à dire de ce bois qui incarne le tournage à lui seul .

les Célastracées ensuite avec un bois qui paraît il fait penser au buis
le fusain  Evonymus europaea

le bois est homogène à grains extrêmement fins, vaisseaux innombrables et très difficiles à apercevoir.
Il en est de même des rayons nombreux et très fins difficiles à apercevoir, mais qui dessinent une certaine radialité en section transversale.
Avec le bois de viorne-obier, c'est un des plus homogènes parmi les bois français.
De couleur jaune clair à jaune souffre, veiné de brun au cœur. Ressemble un peu au buis, mais nettement moins dense, le bois est tendre et facile à travailler (Venet)

Et qu'en disait Beauverie :
FUSAIN, Evonymus Europaeus, Lin. ; Bonnet de prêtre (fam. des Célastracées).
Bois très homogène, d'un poli jaune clair, sans apparence d'aubier; très doux à travailler, grain très fin ; rappelle beaucoup le buis, quoique moins dur et pesant.
Densité:0,574-0,797. Ses dimensions sont très restreintes.
On en fait des fuseaux, des aiguilles et navettes à fabriquer les filets et aussi de la marqueterie. Le fusain à dessiner s'obtient en carbonisant ce bois en vase clos.
Très bon charbon à fabriquer la poudre.
Lieutaghi reprend et développe :
Ce bois se travaille aisément en tout sens et convient à la marquetterie, aux menus ouvrages de tour. Les luthiers l'ont utilisé. On en a fait de nombreux objets domestiques et particulièrement des fuseaux (usage traditionnel en Espagne). C'est le bois "à faire lardoires" de Dodoens (1557) appellation qu'il a longtemps méritée dans nos campagnes. Moules à beurre ou à pain d'épices, aiguilles à tricoter, vis, chevilles, cure dents, tuyaux de pipes... sont quelques unes de ses nombreuses utilisations passées.
Qui dit fusain aujourd'hui ne pense pas à l'arbuste, mais au bâtonnet noir des dessinateurs qui doit sa douceur à la finesse et à l'homogénéité du bois qu'on carbonise en vase clos.

les Aquifoliacées, petite famille à qui appartient le houx  Ilex aquifolium
un bois homogène à zones d'accroissement peu distinctes, parfois flexueuses et légèrement soulignées par une fine bande de tissu fibreux de même couleur que le reste.
Rayons ligneux inégaux, flexueux, parfois épais visibles à l’œil nu en section transversale.
Vaisseaux extrêmement fins constituant de longs groupements et alignements radiaux s'organisant entre les rayons ligneux (Venet)
bois blanc nacré, parfois rosé. Dense et dur.
Ressemble au charme par la couleur et la densité et la dureté, mais les rayons ligneux normaux l'en distinguent et au sycomore mais ses rayons ligneux sont plus épais et il est plus dense (Venet)

Lieutaghi parle de son bois :
Blanchâtre, brunissant au coeur avec l'âge, finement maillé, le bois de houx est l'un des plus homogènes et des plus lourds de nos contrées. C'est un bois dur, nerveux, d'une grande résistance et d'une grande souplesse. Il connaîtrait de nombreux emplois s'il atteignait des dimensions suffisantes.
Il était très employé par les paysans pour sa robustesse à toute épreuve et l'on trouve encore dans nos campagnes, des manches d'outils (ces manches "qui ne cassent jamais") des fléaux, des aiguillons de bouvier, des fouets, des cannes, des chevilles, des taquets, des dents d'engrenage qui attestent l'importance du houx (égale sinon supérieure à celle du cornouiller) dans l'outillage rural ancien.
et sans surprise, on trouve chez Beauverie :
Le bois de houx est le plus souvent blanc comme l'ivoire, excepté vers le centre des troncs très âgés où il devient brun; il est finement maillé. Il est très dur, nerveux, souple, à grain fin et susceptible d'un poli remarquablement beau; on peut facilement le peindre en noir (il ressemble alors à l'ébène),vert, bleu ou rouge.
Sa densité est de 0,764 à 0,952. Les veines du bois et les accroissements annuels sont difficilement visibles à cause de leur petitesse.
Il est employé pour le tour, la marqueterie, le placage coloré, la mécanique, les manches d'outils, les cannes et les fouets. On en fabrique des instruments de mathématique et on l'a utilisé pour la gravure sur bois.
Ce bois est assez riche en eau et éprouve beaucoup de retrait. Il faut l'employer bien sec pour qu'il ne travaille plus. Il retient d'ailleurs son eau avec beaucoup de force à cause de la finesse de ses pores.

Je ne peux guère ajouter à ce que disent mes trois guides, j'ai moi même très peu touché au houx. J'aui juste éprouvé une certaine déception parce que l'aspect blanc nacré uniforme que j'attendais n'était pas au rendez-vous. Mon bois venait d'un tronc relativement important , poussé en Irlande, que je n'ai pas travaillé de suite et qui n'a pas manqué de se fendre...
A ce sujet, je peux placer ici un lien qui illustre parfaitement les remarques de Beauverie sur les capacités à se déformer du bois de houx
encore plus évident ici.

je viens de le citer en parlant du houx, un membre de la famille des Cornacées,
je parlerai du cornouiller sanguin  Cornus sanguinea (c'est celui là que j'ai, mais je suis certain de pouvoir compléter bientôt avec des photos de cornouiller mâle)

en faisant une petite synthèse de Venet :
Cornus mas possède un bois brun-rose clair qui ressemble beaucoup à celui de certains fruitiers (Sorbus, Pirus) et d'autres bois durs.
Bois de densité élevée, très homogène, à grain fin, dur et susceptible d'un beau poli.
Les rayons ligneux généralement flexueux aparaissent distinctement. Très jolie maille en section radiale on constate parfois la présence de faux rayons.
Les pores sont perceptibles en section transversale. Certains sont en alignements tangentiels sinueux ou en zig-zag, présence d'une ligne continue de pores en début de zone initiale
Qu'écrit Lieutaghi ?
Le cornouiller (mâle) est un des bois les plus durs, les plus tenaces, les plus homogènes et les plus lourds (0.94-1,01 selon Mathieu) de nos contrées. Il est blanc rougeâtre et se fonce au cœur avec l'âge. Les meuniers de tous temps l'ont recherché pour les dents d'engrenage de leurs machines. Les paysans l'ont employé à mille usages : manches d'outils, fourches,dents de herses et de râteaux, barreaux d'échelles, roulons de râtelier et de barrières, cercles de tonneaux, cannes etc...
C'était le bois des javelots romains (et un bois de flèches depuis l'origine de l'arme)
De dimensions toujours faibles, il a cependant servi parfois aux tourneurs qui appréciaient son homogénéité et son aptitude au poli. On en fait encore souvent des manches d'outils dans les campagnes, et qui l'a utilisé sait qu'il est à peu près incassable.

et Beauverie ?
CORNOUILLER MÂLE (Cornus mas, Lin.).
C'est un des bois les plus tenaces et les plus homogènes de nos forêts; il est aussi très dur et pesant.
Densité: 0,943-1,014. Le cœur de ce bois est brunâtre et l'aubier blanc légèrement teinté de rouge.
On en fait des pièces de mécanique: dents d'engrenage, coussinets, chevilles. Il sert, en général, aux mêmes usages que le sorbier domestique.
Comme il est très rigide et difficile à rompre, on en fait des manches d'outils pour le travail des métaux. On en fait encore des échalas, fourches, bâtons d'échelles, gaules, piquets, cercles.
Ce bois est particulièrement recherché pour la confection des cannes et manches de parapluies.
Il doit être bien sec au moment de la mise en œuvre, car il est sujet à se gercer et à se tourmenter,
il se contracte beaucoup en se desséchant.

le cornouiller mâle cornus mas
le voilà, je savais où le trouver et après avoir tourné ce dé je peux dire que les deux bois sont très voisins

 

Et je ne peux que confirmer ce que je viens de transcrire plus haut.
et pour demeurer parmi les "durs", enfin pas un stone, un demi-dur comme le fusain
mon représentant des Juglandacées, le noyer  Juglans regia
Venet : Bois homogène, couches d'accroissement peu apparentes légèrement soulignées seulement par une couche très fine de parenchyme terminal. En outre, certains pores sont un peu plus gros dans la couche initiale.
Pores dispersés dans tout le cerne, formant parfois de petits groupes radiaux de quelques unités.
Taille inégale mais bien visibles à l’œil nu. Présence de thylles obstruant les pores dans le bois parfait.
Rayons ligneux très fins, peu apparents en section transversale, mais bien visibles en section radiale du fait de leur hauteur relativement grande et de leur couleur souvent plus vive.
Coloration variant selon les essences et la provenance.(voir infra)
Pour son usage, j'emprunterai à Lieutaghi :Les menuisiers, les ébénistes, les sculpteurs, les tourneurs, les carrossiers, tous les ouvriers du bois sans exception jusqu'aux sabotiers savent qu'il n'existe pas de bois plus doux, plus liant, plus facile à travailler, plus gras et plus flexible que celui du noyer...
C'est un bois mi-lourd(0.6-0.7), mi-dur, peu nerveux, peu fissile, résistant bien à la compression, assez bien à la flexion aux chocs et aux vibrations
Sous un aubier gris-blanc périssable, le bois de cœur est bistre, plus ou moins foncé brun chez les vieux arbres. Souvent veiné ou maculé de rougeâtre ou de noirâtre, d'un grain très fin sans fil marqué.

Je ferai une remarque : j'ai eu à travailler du noyer (qui avait poussé vite dans de trop bonnes conditions) dont la teinte générale était plus grise. Le dé exemple fait partie de ce lot. Toutes les qualités exposées n'étaient pas au rendez-vous, par contre à plusieurs endroits (mais jamais loin des fourches) j'ai eu la bonne surprise de découvrir du bois ondé, discret mais superbe.

toujours dans l'escadron des bois solitaires. Seul représentant des Caprifoliacées
le sureau  Sambucus nigra
donne un bois couleur crème ou jaune clair, léger tendre assez homogène sauf une concentration de vaisseaux légèrement plus forte dans la zone initiale
Vaisseaux apparents à la loupe.
Rayons ligneux fins, parfaitement visibles à la loupe
les cernes sont souvent soulignés d'une bande de parenchyme terminal (Venet).
Deux remarques :
 - Sur la vue radiale on peut voir le moirage d'un fil ondulé. C'est peut être en rapport avec la localisation du bois qui a servi, juste auprès d'un coude du tronc.
 - Bois léger et tendre... ça se discute. Ma petite expérience me montre un bois pas si tendre et dont on peut tourner des objets assez contournés et légers
D'ailleurs je cite Lieutaghi :
Le bois de sureau n'est pas, comme on le croit souvent, à l'image des rameaux et des rejets, léger, mou, rempli de moelle. C'est un bois assez dur et assez lourd (0.56-0.69, d'après Mathieu), très homogène. Son coloris jaune clair et la finesse de son grain l'ont fait rechercher autrefois par les tourneurs et les tabletiers. on en a fait des stéthoscopes des plessimètres, des objets de toilette etc...

assez curieusement je ne peux chercher un avis auprès de Beauverie. Il n'en parle pas...



lundi 15 août 2016

anabois 6, les trois voisins

les Bétulacées
cette famille comprend essentiellement deux genres qui sont très répandus chez nous

le bouleau  Betula verrucosa

son bois est homogène. Les cernes sont légèrement marqués par une fine zone de parenchyme terminal.
Pores de petite taille répartis uniformément et formant parfois des petits groupes radiaux et des alignements obliques qui s'arrangent en dents de scie (plus net que chez aulne ou peuplier)
Rayons ligneux très fins, moyennement nombreux
le parenchyme terminal forme une zone extrêment fine.
Taches médulaires de couleur rouille, visibles à l'oeil nu en section transversale sous la forme d'arcs tangentiels et en section radiale et tangentielle sous forme de veines plus ou moins larges parallèles aux fibres

Présence d'anomalies de fil (enchevêtré dans la patte) qui donne un aspect moiré
Présence de nombreuses inclusions provoquée en réaction à une agression extérieure de larves (masur birch)

Les usages sont variés, essentiellement utilitaires en tournerie. Le copeau sec a une odeur particulière (au sciage aussi) le bois de bouleau est peu durable, vite entrepris par les xylophages.
j'ai remarqué que les fourches présentent une figuration en forme de fougère ou de plume qui se développe vers le tronc commun soulignant la divergence du fil
les plus beaux spécimens de ces plumes peuvent se prévoir par l'observation d'une cicatrice marquée de l'écorce laissant prévoir leur taille et leur direction

l'aulne  Alnus glutinosa

Bois homogène mais avec une plus forte concentration de vaisseaux dans la zone initiale et plus de cellules fibreuses en bois final
Le cerne est aussi souligné d'une fine zone de parenchyme tangentiel
Présence de faux rayons (rayons groupés) visibles à l'oeil nu alors que les rayons normaux très fins sont plus difficilement discernables
Ces faux rayons donnent en section radiale des mailles très apparentes et en section tangentielle, des petites plages lenticulaires
Pores très fins et nombreux en longs groupements radiaux
Présence de taches médullaires de couleur légèrement plus foncée que les faux rayons. Disposées en arcs tangentiels perpendiculaires aux faux rayons.
Bois de densité faible et assez tendre (l'ongle le marque nettement) il est peu durable et susceptible d'attaque rapide par xylophages si exposé (j'ai en cave des ébauches qui n'ont rien subi depuis plus de 30 ans...)
L'aulne se tourne facilement, on en fait aussi de l'utilitaire, j'en ai fait des boîtes gerbables et autres bols. Un emploi qui m'a été cité en son temps et que je retrouve chez venet : la fabrication de modèles de fonderie.

les Corylacées
Cette famille comprend un certain nombre de genres qui donnent des bois très différents l'un de l'autre.

le noisetier (coudrier) Corylus avellana
Bois assez nettement caractérisé par la présence d'une Zone Initiale Semi-Poreuse, c'est à dire à très forte concentration de vaisseaux, mais qui sont à peu près de la même taille que ceux de la zone finale.
Groupements radiaux flexueux
Le cerne se termine sur une zone riche en tissu fibreux.
Le contour des cernes est formé d'arcs de cercle s'appuyant aux rayons larges.
Ce qui n'est pas très évident ici.
Présence de faux rayons et les rayons normaux (isolés) sont difficiles à dénombrer
Présence (assez rare) de taches médullaires.
Bois peu dur, relativement souple.  C'était un premier choix en tant que bois d'arc lorsque j'étais enfant, et des jeunes pousses on fait des cerclages et moi, j'en faisais des flèches.

le charme  Carpinus betulus

Bois homogène. Zones d'accroissement à contour très sinueux. Ce qui se manifeste par la forme cannelée du tronc
Pores relativement fins, assez nombreux souvent en courts groupements radiaux en alignements plus ou moins flexueux
Présence de fines bandes tangentielles de parenchyme indépendant des vaisseaux
Présence de faux rayons souvent sinueux et larges
Bois blanc (gris crème) densité assez élevée, assez dur et peu fissile (j'en tourne des têtes de maillets) à conserver à l'abri car très altérable.
Il est agréable au tour on en faisait des pièces nécessitant résistance et dureté. Ainsi que des vis profitant de son grain fin.

les Acéracées
sont représentées par le genre érable dont trois variétés sont disponible facilement.

L'érable sycomore  Acer pseudoplatanus  celui avec les feuilles lobées à pointes arrondies


l'érable plane  Acer platanoïdes  avec les cinq lobes en pointes et parfois variété pourpre


l'érable champêtre Acer campestris plus petit que les deux précédents avec des feuilles plus petites et qui donnent parfois l'impression de ne comporter que trois lobes. Ce dernier me pose problème car celui de l'illustration (prélevé par élaguage bien pensé) ne présente pas l'épaississement de liège décrit parfois

Les caractères communs aux bois de ces divers érables sont les suivants :
Bois homogènes avec cernes légèrement soulignés par une zone de tissu plus dense légèrement colorée sur son bord externe
Parfois une tendance à une zone semi-poreuse mais les vaisseaux sont de taille identique initial comme final.
Visibles et très régulièrement disséminés
Rayons ligneux rectilignes assez fins formant avec les limites de cernes une sorte de quadrillage régulier.
Je ferai une petite remarque au sujet de l'érable champêtre : je suis un peu perplexe à l'observation de tissu qui ressemble à du tissu fibreux au niveau du bois initial. C'est cette zone plus sombre qui objective la limite de cerne et le bord plus net vers l'intérieur ne laisse pas place au doute, c'est bien là que la croissance redémarre...

Bois en général de couleur claire de densité moyenne plus importante sur les exemplaires du Sud
Agréables à tourner mais je n'ai pas une grande expérience du bois d'érable. Juste l'érable champêtre découvert à cette occasion me paraît plus compact

Pour ce qui est de leur usage :
Beauverie place le bois de sycomore en tête comme "beau bois" qui se travaille bien, qui prend un beau poli.
Au tour, on recherche  ceux qui ont une figure ondée un aspect moucheté (le bird's eye des Anglo-Saxons) et bien entendu les loupes.
Le bois du plane est moins recherché mais reste un beau bois, quant au champêtre (que je découvre pour l'occasion, son bois est plus dur et plus tenace que celui des autres espèces. Les diamètres disponibles le réserveront à de petits objets mais il a eu bonne presse au temps où le bois était un matériau en usage.
En terminant le dé qui illustre ce bois, j'ai même franchement l'impression que c'est de ce bois qu'est faite une flûte que je possède, une impression d'os poli...

J'en ajoute un quatrième que je ne sais pas très bien situer
L'érable argenté Acer saccharinum qui lui est moins bien jugé quant à son bois
En l'absence d'autres renseignements, je vais essayer de transcrire ce que je crois distinguer sur la vue transversale :
zones d'accroissement peu distincts avec  les vaisseaux assez petits, moins nombreux paraissant enrobés de parenchyme. Cela donne un aspect très homogène
les rayons ligneux ont l'air d'être moins contrastés.
le bois très clair est moyennement dur et se tourne bien. Pour être passé rapidement de l'un à l'autre, je juge toutefois qu'il est moins plaisant à tourner que l'érable champêtre (mais plus que le robinier ou le chêne...)