lundi 15 août 2016

anabois 6, les trois voisins

les Bétulacées
cette famille comprend essentiellement deux genres qui sont très répandus chez nous

le bouleau  Betula verrucosa

son bois est homogène. Les cernes sont légèrement marqués par une fine zone de parenchyme terminal.
Pores de petite taille répartis uniformément et formant parfois des petits groupes radiaux et des alignements obliques qui s'arrangent en dents de scie (plus net que chez aulne ou peuplier)
Rayons ligneux très fins, moyennement nombreux
le parenchyme terminal forme une zone extrêment fine.
Taches médulaires de couleur rouille, visibles à l'oeil nu en section transversale sous la forme d'arcs tangentiels et en section radiale et tangentielle sous forme de veines plus ou moins larges parallèles aux fibres

Présence d'anomalies de fil (enchevêtré dans la patte) qui donne un aspect moiré
Présence de nombreuses inclusions provoquée en réaction à une agression extérieure de larves (masur birch)

Les usages sont variés, essentiellement utilitaires en tournerie. Le copeau sec a une odeur particulière (au sciage aussi) le bois de bouleau est peu durable, vite entrepris par les xylophages.
j'ai remarqué que les fourches présentent une figuration en forme de fougère ou de plume qui se développe vers le tronc commun soulignant la divergence du fil
les plus beaux spécimens de ces plumes peuvent se prévoir par l'observation d'une cicatrice marquée de l'écorce laissant prévoir leur taille et leur direction

l'aulne  Alnus glutinosa

Bois homogène mais avec une plus forte concentration de vaisseaux dans la zone initiale et plus de cellules fibreuses en bois final
Le cerne est aussi souligné d'une fine zone de parenchyme tangentiel
Présence de faux rayons (rayons groupés) visibles à l'oeil nu alors que les rayons normaux très fins sont plus difficilement discernables
Ces faux rayons donnent en section radiale des mailles très apparentes et en section tangentielle, des petites plages lenticulaires
Pores très fins et nombreux en longs groupements radiaux
Présence de taches médullaires de couleur légèrement plus foncée que les faux rayons. Disposées en arcs tangentiels perpendiculaires aux faux rayons.
Bois de densité faible et assez tendre (l'ongle le marque nettement) il est peu durable et susceptible d'attaque rapide par xylophages si exposé (j'ai en cave des ébauches qui n'ont rien subi depuis plus de 30 ans...)
L'aulne se tourne facilement, on en fait aussi de l'utilitaire, j'en ai fait des boîtes gerbables et autres bols. Un emploi qui m'a été cité en son temps et que je retrouve chez venet : la fabrication de modèles de fonderie.

les Corylacées
Cette famille comprend un certain nombre de genres qui donnent des bois très différents l'un de l'autre.

le noisetier (coudrier) Corylus avellana
Bois assez nettement caractérisé par la présence d'une Zone Initiale Semi-Poreuse, c'est à dire à très forte concentration de vaisseaux, mais qui sont à peu près de la même taille que ceux de la zone finale.
Groupements radiaux flexueux
Le cerne se termine sur une zone riche en tissu fibreux.
Le contour des cernes est formé d'arcs de cercle s'appuyant aux rayons larges.
Ce qui n'est pas très évident ici.
Présence de faux rayons et les rayons normaux (isolés) sont difficiles à dénombrer
Présence (assez rare) de taches médullaires.
Bois peu dur, relativement souple.  C'était un premier choix en tant que bois d'arc lorsque j'étais enfant, et des jeunes pousses on fait des cerclages et moi, j'en faisais des flèches.

le charme  Carpinus betulus

Bois homogène. Zones d'accroissement à contour très sinueux. Ce qui se manifeste par la forme cannelée du tronc
Pores relativement fins, assez nombreux souvent en courts groupements radiaux en alignements plus ou moins flexueux
Présence de fines bandes tangentielles de parenchyme indépendant des vaisseaux
Présence de faux rayons souvent sinueux et larges
Bois blanc (gris crème) densité assez élevée, assez dur et peu fissile (j'en tourne des têtes de maillets) à conserver à l'abri car très altérable.
Il est agréable au tour on en faisait des pièces nécessitant résistance et dureté. Ainsi que des vis profitant de son grain fin.

les Acéracées
sont représentées par le genre érable dont trois variétés sont disponible facilement.

L'érable sycomore  Acer pseudoplatanus  celui avec les feuilles lobées à pointes arrondies


l'érable plane  Acer platanoïdes  avec les cinq lobes en pointes et parfois variété pourpre


l'érable champêtre Acer campestris plus petit que les deux précédents avec des feuilles plus petites et qui donnent parfois l'impression de ne comporter que trois lobes. Ce dernier me pose problème car celui de l'illustration (prélevé par élaguage bien pensé) ne présente pas l'épaississement de liège décrit parfois

Les caractères communs aux bois de ces divers érables sont les suivants :
Bois homogènes avec cernes légèrement soulignés par une zone de tissu plus dense légèrement colorée sur son bord externe
Parfois une tendance à une zone semi-poreuse mais les vaisseaux sont de taille identique initial comme final.
Visibles et très régulièrement disséminés
Rayons ligneux rectilignes assez fins formant avec les limites de cernes une sorte de quadrillage régulier.
Je ferai une petite remarque au sujet de l'érable champêtre : je suis un peu perplexe à l'observation de tissu qui ressemble à du tissu fibreux au niveau du bois initial. C'est cette zone plus sombre qui objective la limite de cerne et le bord plus net vers l'intérieur ne laisse pas place au doute, c'est bien là que la croissance redémarre...

Bois en général de couleur claire de densité moyenne plus importante sur les exemplaires du Sud
Agréables à tourner mais je n'ai pas une grande expérience du bois d'érable. Juste l'érable champêtre découvert à cette occasion me paraît plus compact

Pour ce qui est de leur usage :
Beauverie place le bois de sycomore en tête comme "beau bois" qui se travaille bien, qui prend un beau poli.
Au tour, on recherche  ceux qui ont une figure ondée un aspect moucheté (le bird's eye des Anglo-Saxons) et bien entendu les loupes.
Le bois du plane est moins recherché mais reste un beau bois, quant au champêtre (que je découvre pour l'occasion, son bois est plus dur et plus tenace que celui des autres espèces. Les diamètres disponibles le réserveront à de petits objets mais il a eu bonne presse au temps où le bois était un matériau en usage.
En terminant le dé qui illustre ce bois, j'ai même franchement l'impression que c'est de ce bois qu'est faite une flûte que je possède, une impression d'os poli...

J'en ajoute un quatrième que je ne sais pas très bien situer
L'érable argenté Acer saccharinum qui lui est moins bien jugé quant à son bois
En l'absence d'autres renseignements, je vais essayer de transcrire ce que je crois distinguer sur la vue transversale :
zones d'accroissement peu distincts avec  les vaisseaux assez petits, moins nombreux paraissant enrobés de parenchyme. Cela donne un aspect très homogène
les rayons ligneux ont l'air d'être moins contrastés.
le bois très clair est moyennement dur et se tourne bien. Pour être passé rapidement de l'un à l'autre, je juge toutefois qu'il est moins plaisant à tourner que l'érable champêtre (mais plus que le robinier ou le chêne...)

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