dimanche 21 août 2016

Anabois 7 la horde des "uns"

ce sont toutes ces familles dont je ne possède qu'un représentant.
A ma décharge, il n'y en a souvent guère plus...

on va démarrer avec un bois du Sud dont le prélèvement m'a demandé en son temps pas mal de travail. Avec l'arbousier, il représente les Ericacées, la bruyère en arbre, Erica arborea
On lit chez Venet : joli bois brun-rouge fonçant à l'air à grain très fin se tourne et se polit admirablement. Pores enrobés de parenchyme et remplis de sécrétions qui les soulignent en groupements radiaux.
Rayons ligneux très fins.
Selon Beauverie :
BRUYÈRE EN ARBRE, Erica arborea Lin. (famille des Ericacées).
Bois d'un rouge cramoisi. Grain très fin, très homogène, très serré, susceptible d'un beau poli; densité élevée : 0,899-1,009.
La fibre en est malheureusement courte et cassante;il se gerce et se tourmente beaucoup.
Le bois de la souche, qui est très volumineuse, est très recherché pour la fabrication des pipes et autres menus ouvrages; sa fibre est contournée et son grain particulièrement serré.
Ce bois est employé aussi pour la marqueterie et le tour.

pour suivre, voici pour les Buxacées,  le buis  Buxus sempervivens

Les zones d'accroissement sont soulignées par quelques fibres plus épaisses au bord externe de la zone finale. Ce contour est souvent flexueux et les cernes sont souvent de faible largeur.
Rayons ligneux extrêmement fins plus clairs que le reste des tissus.
Vaisseaux solitaires, très petits, nombreux et dispersés.
Bois jaune légèrement veiné de jaune-brun
Densité élevée, grain très fin. Bois très dur mais se travaillant bien au tour (Venet)

Beauverie parle beaucoup du bois de buis :
C'est un des plus denses et des plus homogènes de nos contrées. Il est jaune, avec quelques zones plus foncées, légèrement brunâtres dans certains échantillons; il se tache de jaune verdâtre par suite d'un commencement d'altération. Le coeur est généralement altéré dans les échantillons un peu fort de ce bois qui, d'ailleurs, ne devient pas gros.
C'est un bois précieux d'un prix très élevé; il est particulièrement recherché par les graveurs, tourneurs, pour le tour de premier ordre, tourneries de Saint-Claude, confection des mesures linéaires, tabletterie ; on en fait encore de menus placages teints pour la marqueterie...
Le bois de buis, très dur et à grain très fin, convient très bien à la gravure.
On emploie parfois dans le Jura et la Haute-Marne un procédé spécial en vue d'obtenir des loupes de buis, qui sont très belles. Pour cela on passe, sur la branche qu'on veut transformer en loupe, des anneaux en fer; chaque année on coupe les petites branches qui ont poussé entre les anneaux et, pour
que la branche principale ne souffre pas, on conserve les pousses des extrémités. A mesure que la branche se développe, les douilles deviennent trop étroites et la sève, s'extravasant sur les branches coupées, vient former des loupes rondes et à peu près régulières.
Il y aurait encore beaucoup à dire de ce bois qui incarne le tournage à lui seul .

les Célastracées ensuite avec un bois qui paraît il fait penser au buis
le fusain  Evonymus europaea

le bois est homogène à grains extrêmement fins, vaisseaux innombrables et très difficiles à apercevoir.
Il en est de même des rayons nombreux et très fins difficiles à apercevoir, mais qui dessinent une certaine radialité en section transversale.
Avec le bois de viorne-obier, c'est un des plus homogènes parmi les bois français.
De couleur jaune clair à jaune souffre, veiné de brun au cœur. Ressemble un peu au buis, mais nettement moins dense, le bois est tendre et facile à travailler (Venet)

Et qu'en disait Beauverie :
FUSAIN, Evonymus Europaeus, Lin. ; Bonnet de prêtre (fam. des Célastracées).
Bois très homogène, d'un poli jaune clair, sans apparence d'aubier; très doux à travailler, grain très fin ; rappelle beaucoup le buis, quoique moins dur et pesant.
Densité:0,574-0,797. Ses dimensions sont très restreintes.
On en fait des fuseaux, des aiguilles et navettes à fabriquer les filets et aussi de la marqueterie. Le fusain à dessiner s'obtient en carbonisant ce bois en vase clos.
Très bon charbon à fabriquer la poudre.
Lieutaghi reprend et développe :
Ce bois se travaille aisément en tout sens et convient à la marquetterie, aux menus ouvrages de tour. Les luthiers l'ont utilisé. On en a fait de nombreux objets domestiques et particulièrement des fuseaux (usage traditionnel en Espagne). C'est le bois "à faire lardoires" de Dodoens (1557) appellation qu'il a longtemps méritée dans nos campagnes. Moules à beurre ou à pain d'épices, aiguilles à tricoter, vis, chevilles, cure dents, tuyaux de pipes... sont quelques unes de ses nombreuses utilisations passées.
Qui dit fusain aujourd'hui ne pense pas à l'arbuste, mais au bâtonnet noir des dessinateurs qui doit sa douceur à la finesse et à l'homogénéité du bois qu'on carbonise en vase clos.

les Aquifoliacées, petite famille à qui appartient le houx  Ilex aquifolium
un bois homogène à zones d'accroissement peu distinctes, parfois flexueuses et légèrement soulignées par une fine bande de tissu fibreux de même couleur que le reste.
Rayons ligneux inégaux, flexueux, parfois épais visibles à l’œil nu en section transversale.
Vaisseaux extrêmement fins constituant de longs groupements et alignements radiaux s'organisant entre les rayons ligneux (Venet)
bois blanc nacré, parfois rosé. Dense et dur.
Ressemble au charme par la couleur et la densité et la dureté, mais les rayons ligneux normaux l'en distinguent et au sycomore mais ses rayons ligneux sont plus épais et il est plus dense (Venet)

Lieutaghi parle de son bois :
Blanchâtre, brunissant au coeur avec l'âge, finement maillé, le bois de houx est l'un des plus homogènes et des plus lourds de nos contrées. C'est un bois dur, nerveux, d'une grande résistance et d'une grande souplesse. Il connaîtrait de nombreux emplois s'il atteignait des dimensions suffisantes.
Il était très employé par les paysans pour sa robustesse à toute épreuve et l'on trouve encore dans nos campagnes, des manches d'outils (ces manches "qui ne cassent jamais") des fléaux, des aiguillons de bouvier, des fouets, des cannes, des chevilles, des taquets, des dents d'engrenage qui attestent l'importance du houx (égale sinon supérieure à celle du cornouiller) dans l'outillage rural ancien.
et sans surprise, on trouve chez Beauverie :
Le bois de houx est le plus souvent blanc comme l'ivoire, excepté vers le centre des troncs très âgés où il devient brun; il est finement maillé. Il est très dur, nerveux, souple, à grain fin et susceptible d'un poli remarquablement beau; on peut facilement le peindre en noir (il ressemble alors à l'ébène),vert, bleu ou rouge.
Sa densité est de 0,764 à 0,952. Les veines du bois et les accroissements annuels sont difficilement visibles à cause de leur petitesse.
Il est employé pour le tour, la marqueterie, le placage coloré, la mécanique, les manches d'outils, les cannes et les fouets. On en fabrique des instruments de mathématique et on l'a utilisé pour la gravure sur bois.
Ce bois est assez riche en eau et éprouve beaucoup de retrait. Il faut l'employer bien sec pour qu'il ne travaille plus. Il retient d'ailleurs son eau avec beaucoup de force à cause de la finesse de ses pores.

Je ne peux guère ajouter à ce que disent mes trois guides, j'ai moi même très peu touché au houx. J'aui juste éprouvé une certaine déception parce que l'aspect blanc nacré uniforme que j'attendais n'était pas au rendez-vous. Mon bois venait d'un tronc relativement important , poussé en Irlande, que je n'ai pas travaillé de suite et qui n'a pas manqué de se fendre...
A ce sujet, je peux placer ici un lien qui illustre parfaitement les remarques de Beauverie sur les capacités à se déformer du bois de houx
encore plus évident ici.

je viens de le citer en parlant du houx, un membre de la famille des Cornacées,
je parlerai du cornouiller sanguin  Cornus sanguinea (c'est celui là que j'ai, mais je suis certain de pouvoir compléter bientôt avec des photos de cornouiller mâle)

en faisant une petite synthèse de Venet :
Cornus mas possède un bois brun-rose clair qui ressemble beaucoup à celui de certains fruitiers (Sorbus, Pirus) et d'autres bois durs.
Bois de densité élevée, très homogène, à grain fin, dur et susceptible d'un beau poli.
Les rayons ligneux généralement flexueux aparaissent distinctement. Très jolie maille en section radiale on constate parfois la présence de faux rayons.
Les pores sont perceptibles en section transversale. Certains sont en alignements tangentiels sinueux ou en zig-zag, présence d'une ligne continue de pores en début de zone initiale
Qu'écrit Lieutaghi ?
Le cornouiller (mâle) est un des bois les plus durs, les plus tenaces, les plus homogènes et les plus lourds (0.94-1,01 selon Mathieu) de nos contrées. Il est blanc rougeâtre et se fonce au cœur avec l'âge. Les meuniers de tous temps l'ont recherché pour les dents d'engrenage de leurs machines. Les paysans l'ont employé à mille usages : manches d'outils, fourches,dents de herses et de râteaux, barreaux d'échelles, roulons de râtelier et de barrières, cercles de tonneaux, cannes etc...
C'était le bois des javelots romains (et un bois de flèches depuis l'origine de l'arme)
De dimensions toujours faibles, il a cependant servi parfois aux tourneurs qui appréciaient son homogénéité et son aptitude au poli. On en fait encore souvent des manches d'outils dans les campagnes, et qui l'a utilisé sait qu'il est à peu près incassable.

et Beauverie ?
CORNOUILLER MÂLE (Cornus mas, Lin.).
C'est un des bois les plus tenaces et les plus homogènes de nos forêts; il est aussi très dur et pesant.
Densité: 0,943-1,014. Le cœur de ce bois est brunâtre et l'aubier blanc légèrement teinté de rouge.
On en fait des pièces de mécanique: dents d'engrenage, coussinets, chevilles. Il sert, en général, aux mêmes usages que le sorbier domestique.
Comme il est très rigide et difficile à rompre, on en fait des manches d'outils pour le travail des métaux. On en fait encore des échalas, fourches, bâtons d'échelles, gaules, piquets, cercles.
Ce bois est particulièrement recherché pour la confection des cannes et manches de parapluies.
Il doit être bien sec au moment de la mise en œuvre, car il est sujet à se gercer et à se tourmenter,
il se contracte beaucoup en se desséchant.

le cornouiller mâle cornus mas
le voilà, je savais où le trouver et après avoir tourné ce dé je peux dire que les deux bois sont très voisins

 

Et je ne peux que confirmer ce que je viens de transcrire plus haut.
et pour demeurer parmi les "durs", enfin pas un stone, un demi-dur comme le fusain
mon représentant des Juglandacées, le noyer  Juglans regia
Venet : Bois homogène, couches d'accroissement peu apparentes légèrement soulignées seulement par une couche très fine de parenchyme terminal. En outre, certains pores sont un peu plus gros dans la couche initiale.
Pores dispersés dans tout le cerne, formant parfois de petits groupes radiaux de quelques unités.
Taille inégale mais bien visibles à l’œil nu. Présence de thylles obstruant les pores dans le bois parfait.
Rayons ligneux très fins, peu apparents en section transversale, mais bien visibles en section radiale du fait de leur hauteur relativement grande et de leur couleur souvent plus vive.
Coloration variant selon les essences et la provenance.(voir infra)
Pour son usage, j'emprunterai à Lieutaghi :Les menuisiers, les ébénistes, les sculpteurs, les tourneurs, les carrossiers, tous les ouvriers du bois sans exception jusqu'aux sabotiers savent qu'il n'existe pas de bois plus doux, plus liant, plus facile à travailler, plus gras et plus flexible que celui du noyer...
C'est un bois mi-lourd(0.6-0.7), mi-dur, peu nerveux, peu fissile, résistant bien à la compression, assez bien à la flexion aux chocs et aux vibrations
Sous un aubier gris-blanc périssable, le bois de cœur est bistre, plus ou moins foncé brun chez les vieux arbres. Souvent veiné ou maculé de rougeâtre ou de noirâtre, d'un grain très fin sans fil marqué.

Je ferai une remarque : j'ai eu à travailler du noyer (qui avait poussé vite dans de trop bonnes conditions) dont la teinte générale était plus grise. Le dé exemple fait partie de ce lot. Toutes les qualités exposées n'étaient pas au rendez-vous, par contre à plusieurs endroits (mais jamais loin des fourches) j'ai eu la bonne surprise de découvrir du bois ondé, discret mais superbe.

toujours dans l'escadron des bois solitaires. Seul représentant des Caprifoliacées
le sureau  Sambucus nigra
donne un bois couleur crème ou jaune clair, léger tendre assez homogène sauf une concentration de vaisseaux légèrement plus forte dans la zone initiale
Vaisseaux apparents à la loupe.
Rayons ligneux fins, parfaitement visibles à la loupe
les cernes sont souvent soulignés d'une bande de parenchyme terminal (Venet).
Deux remarques :
 - Sur la vue radiale on peut voir le moirage d'un fil ondulé. C'est peut être en rapport avec la localisation du bois qui a servi, juste auprès d'un coude du tronc.
 - Bois léger et tendre... ça se discute. Ma petite expérience me montre un bois pas si tendre et dont on peut tourner des objets assez contournés et légers
D'ailleurs je cite Lieutaghi :
Le bois de sureau n'est pas, comme on le croit souvent, à l'image des rameaux et des rejets, léger, mou, rempli de moelle. C'est un bois assez dur et assez lourd (0.56-0.69, d'après Mathieu), très homogène. Son coloris jaune clair et la finesse de son grain l'ont fait rechercher autrefois par les tourneurs et les tabletiers. on en a fait des stéthoscopes des plessimètres, des objets de toilette etc...

assez curieusement je ne peux chercher un avis auprès de Beauverie. Il n'en parle pas...



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