mardi 27 juin 2017

Jamais deux sans trois...

Je l'ai déjà dit il n'y a pas longtemps, le beau temps présent sur le Nord a eu pour résultat de nous faire rester à la maison au moment où d'habitude, nous descendons dans le Sud explorer quelque canal ou ligne de chemin de fer désaffectée.
Nous avons donc fait pareil et samedi 24 juin nous avons garé la voiture superbement à l'ombre d'un énorme platane du parc de la gare de Sedan, et à deux pas du hallage .
Direction le Sud, on va voir jusqu'à quel point la voie verte est réalisée.
Au niveau du stade (n'oublions pas que Sedan a été et est peut-être encore en première division) une ruine que nous identifierons plus tard comme la culée d'un pont qui joignait la caserne de cavalerie à la gare. N'oublions pas non plus que Sedan a été (et n'est plus) un important centre militaire hébergeant trois régiments (si on compte bien, ça faisait une division... laquelle ?)
le point indiqué par Sabine, c'est le niveau du fleuve atteint en 1910. Il n'y a malheureusement aucune indication pour 1995...

édit !!! 29 juin

Lors de la rédaction de ce premier texte, j'ai avancé une supposition qui s'avère fantaisiste : la ruine de culée en face du stade de Sedan, j'ignorais son nom.
A la lecture de documents qui traitent de la percée des panzers le 13 mai 1940, j'ai découvert qu'il existait un pont que je ne situais pas, mais son nom collait parfaitement. Sur une photo aérienne qui date de janvier 1940, on constate qu'il fait jonction avec la caserne de cavalerie oui... mais à la caserne qu'est ce qui arrive de Belgique ?
Le tram vicinal appelé comme par hasard "le Bouillonnais" exactement comme ce pont qui mettait en correspondance ce tram et la gare SNCF

Voici ce pont dans les années 20, le stade sera construit de l'autre côté de la Meuse, la gare est hors cadre sur la droite et trois grands bâtiments industriels entre Meuse et gare ne seront construits que plus tard. Le pont de l'avenue Philppoteaux est dans notre dos.


Après cette rencontre nous continuons la remontée du cours de la Meuse, nous dépassons le pont par lequel la ligne Valencienne-Thionville passe la Meuse
on remarque le sur-dimensionnement des voûtes permettant aux crues de passer l'obstacle (il y a deux voûtes sur chaque rive)
l'écluse de Romilly
 ouvre sur un long canal de dérivation
et nous n'en verrons d'ailleurs pas le bout car l'aménagement du halage ne va pas plus loin que le pont suivant

Quelques centaines de mètres avant ce terminus, nous avions doublé une passerelle toute récente qui permet de traverser la rivière que nous longeons depuis l'écluse, l'Ennemane.
Des indications nous renseignent l'aménagement de l'assiette d'une ancienne voie de chemin de fer qui remontait cette vallée.
C'est parti, on va rejoindre ce tronçon. Le chemin de fer que nous allons traverser n'a rien à voir, c'est la ligne qui va de Sedan vers Verdun, elle aussi est abandonnée.
la voici l'Ennemane, c'était elle qui donnait une bonne part de la force motrice aux industries de cette vallée (et il y en avait)
et voici l'assiette aménagée qui longe les "restes" d'une première usine, nous sommes à Allicourt et c'était du textile
pas beaucoup plus haut, deux kilomètres, deux kilomètres et demi, à Angecourt, on dépasse une autre usine textile, une filature dont subsiste l'enfilade de bâtiments et une cheminée qui tendrait à démontrer que l'Ennemane n'était pas seule pour fournir l'énergie...
toujours un peu plus haut entre Angecourt et Haraucourt, cachée sous les frondaisons serrée tout contre la rivière, une polierie, première fois que je rencontre ce terme, mais on comprend de suite...


dans Haraucourt, joli village, on voit qu'on suit ce qui était une voie ferrée
la rivière traverse en longueur et fournit les lavoirs à domicile
à la sortie de l'agglomération la fonderie Vignon,
toujours active
a du être précédée au début du XIXème siècle par un des derniers hauts fourneaux des Ardennes marchant au charbon de bois
ce qui explique la présence de fours à chaux un peu plus haut : la castine ne venait pas de bien loin
et enfin, nous débouchons presque sur le plateau entre Bar et Meuse sur la grande usine Turquais, toujours active qui fabrique des boucles à Raucourt



jeudi 22 juin 2017

Voie Verte, la suite

Charleville -Sedan était prévu en deux portions.
La seconde partie n'était pas vraiment attendue si vite, mais le beau temps aidant, la voici :
Pour raison d'organisation (on voit que cela peut être sérieux) nous prendrons le départ au même endroit que samedi dernier.

Nous remontons le cours de la Meuse et trahis par l'ombre, nous ne pouvons cacher que nous marchons plein sud


l'écluse suivante, l'écluse de Meuse* présente un caractère particulier : le bateau blanc qui s'y engage va se diriger vers l'Aisne et au-delà par le Canal des Ardennes, et il va bientôt rencontrer l'échelle des 26 écluses de Montgon. Je pense avoir déjà parlé de ce trajet dans une page précédente.
*Nous avons déjà rencontré ces noms d'écluse qui sont absolument clairs quant-à leur direction ou leur aboutissement. Par exemple sur le canal du midi au seuil de Naurouze l'écluse Méditerranée est suivie de Océan et on comprend qu'on est sur l'autre versant.
L'autre bateau continue vers Sedan remontant le cours de la Meuse


cette rivière que nous passons sur un pont construit (ou reconstruit plutôt) pour les besoins de la voie verte, c'est la Bar. C'est la vallée de cette rivière que va remonter le canal des Ardennes, c'est une vallée calme et appaisante.  Nous aimons bien cette vallée.
Nous roulons ici au bord de la Meuse vers Donchery.
Nous roulons sur un beau ruban asphalté qui a été établi sur l'ancien halage et les constructeurs de cette nouvelle piste ont eu la bonne idée de laisser en place ce petit bord de l' ancien revêtement fait de grosses dalles. Nous avions déjà rencontré ce pavement du côté de l'écluse de l'Alma quelques kilomètres en amont de Mouzon, il était inégal mais solide, il devait résister aux sabots des bêtes, aux sabots des hommes... et des femmes aussi.

Au delà de Donchery où nous dépassons une autre écluse, une large boucle de la Meuse nous amène au nord de Sedan, nous longeons ici quelque chose qui a un petit air industriel
c'était de fait le quai bétonné qui recevait le charbon destiné à la centrale thermique des aciéries de Sedan. Un pont grue le transvasait à partir des péniches
Je vais ici faire un bref historique de la métallurgie à Sedan et l'appuyer sur une photographie aérienne de 1949 quand le site était actif :
Le site présente une activité depuis 1874 avec l'installation des établissements Friquet, qui passent en 1888 à la Société de Forges de Sedan. Dans le cadre des restructurations qui suivent la Première Guerre mondiale, le site passe en 1919 aux Aciéries de Longwy. De grandes campagnes de construction marquent cette période avec notamment la création de la centrale électrique en bord de Meuse.


Comme bien d'autres témoins, cette centrale vit ses derniers moments, mais faute de nécessité ou faute de finances, elle agonise lentement
la portion de parcours qui suit nous fait court-circuiter, par une écluse suivie d'un morne canal de dérivation la très large boucle que la Meuse fait vers le Nord, nous la rejoignons ici en regard de l'usine de l'Espérance. Avec un nom pareil j'imaginais une parenté avec le groupe sidérurgique de Liège-Longdoz... non, c'est du textile qui sortait de là...
on peine à imaginer qu'il puisse exister une plage au bord de la Meuse à Sedan. Elle existe pourtant bien et en voici la preuve... d'accord, ce n'est pas Copacabana, mais nous sommes quand même en face d'un quartier qui a l'air chic...
ce... cette... enfin, ce truc, j'en avais vu la photo et je pensais qu'il s'agissait d'un ancien four avec sa cheminée. J'ai plutôt l'impression que c'est une sorte de monument, cela doit avoir une signification locale car on  retrouve cette sorte de cheminée au bord du parc qui est devant la gare SNCF
après avoir passé ensemble sous un pont, la Meuse nous quitte de nouveau et c'est sur un petit canal de dérivation que nous dépassons une nouvelle écluse. Le tout est enjambé par un pont aux multiples arches
et c'est au niveau du pont de l'avenue Philipotteaux (dond on remarque l'une des somptueuses demeures) quasi en face de la gare que nous mettons un terme à notre périple.
lors du retour, nous faisons une petite digression vers le port de Pont-à-Bar. On peut même parler du port de Pont-à-Bar au vu du nombre des bateaux qui attendent là une intervention de l'homme de l'art
ou qui comptent y passer une paisible retraite...

lundi 19 juin 2017

Voie Verte

ce n'est pas tout nouveau, la prolongation de la voie verte au delà de Charleville doit bien dater de près de deux ans. Mais nous l'abordons seulement aujourd'hui samedi 17 juin 2017.
Nous ne connaissions pas bien cette portion de la vallée et depuis l'ouverture de la voie, nous pensions sérieusement y aller voir.
La distance entre Sedan et Charleville n'est pas énorme, mais pour nous, c'est un parcours à diviser en deux promenades. Pour commencer, nous avons choisi la partie aval comprise entre Dom-le-Mesnil et Charleville.
Je désirais voir ce que devenait le triage de Lumes et découvrir les approches de Mézières.
Nous allons faire brièvement le parcours pour développer sur les recherches et découvertes que cette ballade a apportées.
Une photo satellite actuelle va servir de fil d'Ariane

Nous avons laissé la voiture près du pont de Nouvion-sur-Meuse-01
et rapidement, au niveau d'un petit château, nous avons changé de rive par un pont qui présente toutes les caractéristiques d'un pont ferroviaire, nous reviendrons sur ce point.-02 03 04



le parcours s'effectue ensuite sur une sorte de digue entre Meuse et ballastières-05
et bientôt, à quelque distance on distingue un groupe de bâtiments qui doit avoir un rapport avec la gare de formation de Lumes-06
nous passons à côté et c'est abandonné, l'arrière est en friche -07
et un peu plus loin, reste encore un faisceau plus ou moins actif--08


après avoir longé ce faisceau, nous croisons les voies qui enjambent la Meuse-09
et après avoir passé sous l'autoroute, nous longeons un assez long bief de dérivation-10
surprise au passage du petit canal qui permet d'effacer une très longue boucle de la Meuse en empruntant les fossés des remparts de Mézières-11
et le point ultime de cette promenade, la récompense, la Place Ducale

J'ai dit qu'on reviendra sur le pont métallique sur lequel nous avons passé la Meuse au départ :
Le pont de Flize interpelle, on se rend tout de suite compte que c'était un pont pour voie ferrée.
Mais pour quelle usine ?
La réponse est encore fournie par une photographie aérienne de 1960,
on y distingue nettement l'usine, les faisceaux de rails, le trajet vers le pont et la voie qui va se fondre dans la gare de Lumes. On remarque même qu'un aiguillage permettait au chemin de fer de desservir un port sur la Meuse.
Qu'était cette usine, qu'y fabriquait on ? Là, je trouve la réponse sur le site du patrimoine industriel de Champagne-Ardenne et je vous y renvoie
Notons tout de même pour résumer un peu : que l'usine a été fondée par Jean-Nicolas Gendarme, un personnage important dans l'histoire de la sidérurgie locale, mais c'était bien avant les grandes usines intégrées.
L'usine arrêtera sa production en 1969 , bien avant Vireux, mais là, il reste au moins quelques témoins (voir sur le site)

Et Lumes ?
Lumes c'est vaste. Lumes, c'est assez désert pour un triage, c'est sauvage et c'est retourné à la nature pour trois des faisceaux.
Pour situer et fournir quelques renseignements, je vais emprunter le texte de Francis Villemaux trouvé dans Loco-Revue n°559 mai 1993, numérisé et mis à disposition gratuite sur le web (merci LOCO REVUE)

Créé en 1907-1908 avec l'amorce de la gare de triage, l'établissement Traction de Lumes est l'un des derniers dépôts construits par la Compagnie de l'Est. A l'origine, c'est une " annexe " rattachée à l'important dépôt voisin de Mohon. Ses installations se limitent alors à une petite remise à machines pour l'entretien courant et un parc découvert desservi par un pont-tournant de 19 mètres. 
Mais dès l'aube du développement de l'activité minière et sidérurgique du bassin de Longwy-Briey, le trafic ferroviaire devient tel que les installations sont vite dépassées par les exigences de l'exploitation.
A l'époque, de vastes rotondes sont élevées à Mohon et Conflans-Jarny, en remplacement des installations primitives. Trois rotondes devaient être édifiées à Mohon mais, pour éviter de nombreuses évolutions
 " haut-le-pied " entre Mohon et Lumes (8 kilomètres), la troisième rotonde, prévue à Mohon, est construite à Lumes. A l'orée des années 20, l'explosion du trafic conduit à spécialiser Lumes à des prestations
" marchandises ", en l'élevant au rang de " dépôt titulaire " à compter du 15 octobre 1920. Le site de Lumes-Triage est devenu un haut-lieu stratégique de l'artère Nord- Est, situé à mi-chemin des bassins industriels et miniers de la Lorraine, du Nord- Pas-de-Calais et de Namur-Charleroi (Belgique). De par sa position centrale, Lumes est un lieu naturel de relais de locomotives à la charnière des réseaux de l'Est et du Nord. 
Mais c'est surtout un point de rupture de charge pour les trains de marchandises de forts tonnages en provenance de Lorraine par la section Longuyon/Lumes à profil facile, dont la composition est remaniée et la charge réduite pour affronter les profils sévères après Charleville vers Hirson et au-delà vers Aulnoye et Valenciennes. Le centre ferroviaire de Lumes-Triage est, à cette époque, la gare de triage la plus importante d'Europe. A ce titre, Lumes va souffrir terriblement, durant la seconde guerre mondiale... 
Au début des années 50, le dépôt de Givet est administrativement rétrogradé au rang d'" Annexe Traction " et placé sous la dépendance de Lumes. Les roulements de Givet concernent : • 8 machines 1-140 C pour trains de voyageurs et marchandises omnibus sur la ligne de la Vallée de la Meuse
Mézières- Charleville/Givet ; • 3 machines 1-040 TA, pour manœuvres de gare à Givet (local et port). Tandis que débutent les premiers travaux d'électrification de l'Artère Nord- Est, l'effectif du dépôt de Lumes culmine le 1er juin 1952 avec 86 locomotives.

Dans ce texte, on parle d'une rotonde et je m'étonne de n'en voir aucune trace sur les cartes et de n'avoir rien remarqué sur place. Le renseignement est de nouveau apporté par une photographie aérienne de 1972
et cette rotonde, on voit immédiatement où elle était... exactement à l'endroit où j'ai tiré la photo N°07. Exactement à l'endroit où Sabine trouvait qu'il y avait beaucoup de variétés de fleurs sauvages et les gravats du sol à l’arrière-plan de cette photo, ce sont certainement des gravats de la rotonde

circulez ! ... plus rien à voir...

La Voie Verte * is a slow-trafic route on the towpath along the Meuse. 
Some of the landscapes it offers are beautifully gorgeous
And it is a stone's throw from our home ...
We shall return to this subject.
* exist in many other regions, always along waterways or on old railroad, always preserved from the traffic

La Voie Verte * es una ruta de tráfico lento en el camino de sirga a lo largo del Mosa.
Algunos de los paisajes que ofrece son maravillosamente hermosos
Y está a un paso de nuestra casa ...
Volveremos sobre este tema.
* Existen en muchas otras regiones, siempre a lo largo de vías fluviales o en ferrocarril viejo, siempre preservado del tráfico