samedi 30 juillet 2016

Récréation et papillons (anabois 4)

Avec cet arbuste, nous sommes franchement hors des classifications que je suis dans le livre de Venet.
Le buddleia est un importé rapidement devenu envahisseur.
Il colonise et monopolise les friches urbaines et autres lieux zonards. Celui que je montre a été planté au tout début des années 80. Il accuse son age, mais j'ai bien souvent regardé ce tronc déformé, cicatrisé, colonisé de mousse.
A chaque fois, j'établissais un parallèle avec une oeuvre de Julie Gonce.
Aussi maintenant que son état a nécessité l' ablation de l'élément malade, j'en profite pour réaliser une photographie à laquelle j'ai rêvé bien souvent
ces dés sont des invités, un peu cinq rois mages de passage. On en parlera sans doute,
 mais beaucoup plus tard.


Ici, c'est du buddleia Buddleja davidii qu'il sera question :
parent des bignones (que nous rencontrerons peut-être) et curieusement des digitales (là, ça m'étonnerait), c'est une dicotylédone, qui a ici une durée de vie excédant 37 ans, mais il reste de l'espoir.
A force, cet arbuste à fait du bois, on va donc essayer d'esquisser une description
les cernes sont relativement bien identifiables, il y a une zone initiale poreuse avec des vaisseaux de plus gros calibre dont on distingue la lumière pour certains.
En bois final le tissu est plus fibreux (beige sombre) et les vaisseaux plus petits et enrobés de parenchyme paraissent d'abord en lignes tangentielles discontinue ensuite en arrangement plus ou moins radial dans les travées encadrées par les rayons ligneux de taille et de disposition assez uniforme.
Quand je dis que son état a nécessité l'ablation, je n'exagère pas. Pour preuve, le premier morceau que j'ai prélevé avait l'air correct. En réalité, seule la tranche que je considérais était intacte, j'ai eu des surprises au cours de la finition, ils étaient discrets les bougres
bon, j'ai pu isoler un morceau de tronçon indemne et c'est avec lui que j'ai tourné le dé présenté plus haut.

Mais nous n'allons pas rester sur ce divertissement .
La cloche sonne la fin de la récréation et c'est avec tout le sérieux requis que nous allons aborder un gros retour arrière :
Nous avons considéré l'aspect anatomique (visible par tout un chacun) des bois de la vaste famille des Rosacées. Pour mémoire et parce que ça me permet de faire ainsi le point :

prunellier

aubépine
cotonéaster
néflier
cognassier
poirier (domestique)

sorbier
pommier
amélanchier
merisier
prunier
amandier 
abricotier
laurier cerise


il en viendra sans doute d'autres et je ne sais pas encore de quelle façon je les inclurai dans la liste. On verra.
Sabine attend toujours un dé en fraisier... c'est une rosacée si si...
Mais cela me fait constater un oubli majeur : l'églantier, le rosier sauvage avec ses gratte-cul.
Une petite photo pour le fun, car ce dé à été tourné "pour en avoir un" et on ne peut pas dire que ses caractères soient tellement reconnaissables


après cet abus de fruits frais, et après la petite récréation offerte par l'arbre aux papillons, nous allons voir une famille moins populeuse. Du moins parlant de ce que je possède,  les Légumineuses essentiellement représentées sous nos climats par la sous famille des papilionidées (on les sentait venir à cause du buddleia)

A tout seigneur tout honneur, je commence par le robinier  Robinia pseudoacacia
avec des gros vaisseaux en zone initiale, des vaisseaux bouchés par des thylles.  Fins rayons ligneux donnant un petit maillage sombre sur fond clair en coupe radiale
Les vaisseaux vers le bois final sont arrangés de diverses façons, entourés de parenchyme qui paraît clair sur fond du tissu fibreux foncé (abondant)
Aubier et duramen distincts, ici la taille réduite du dé ne permet pas de juger plusieurs cernes
Densité élevée, je ne m'étendrai pas sur toutes les qualités de ce bois (durable, résistant, souple...un super bois mécanique, c'est d'ailleurs un grand bois d'arc)
Il doit contenir quelque chose d'abrasif car il est assez désaffûtant.

le cytise  Laburnum anagyroides
Zones initiales  bien distinctes mais en général moins larges que celles du robinier. Les pores ne sont pas systématiquement obturés par des thylles
Rayons ligneux fins, mais visibles à la loupe, d'épaisseur inégale ils semblent discontinus (Venet)
sur la photo, brun clair sur fond brun foncé des autres tissus (fibres ?) et on dirait que les vaisseaux sont groupés avec parenchyme péritrachéal et qu'en zone finale ils auraient tendance à dessiner des diagonales.
ce qui est confirmé par la lecture de la suite chez Venet : Pores de plus faible diamètre que chez le robinier groupés en "patte de chat" en alignements obliques, dendritiques ou tangentiels.
Tissu fibreux abondant.
Même densité que le robinier, mais ses propriétés mécaniques sont moindres
En tournage je le trouve plus agréable que le robinier.

le genêt ; ici, le genêt épineux  Genista scorpius
C'est le "bad boy" de la famille. C'est assez rare pour être noté, lui, je l'ai coupé sur pied... il nous embêtait, et quiconque s'est un jour trouvé piégé par ce genre d'individu me comprendra. En plus il a la malignité de s'associer à d'autres malfaiteurs comme la ronce et la salsepareille
Il n'est pas décrit quant à son bois, on va donc s'y essayer
Nombreux rayons ligneux très fins, mais on distingue aussi deux éléments de calibre plus important. Sont ce des plus gros rayons ou des rayons associés ?
Fins vaisseaux en petits groupes enrobés de parenchyme. alignés d'abord radialement pour ensuite constituer des bandes discontinues dans le sens tangentiel. Ces bandes séparées par des rideaux de tissu fibreux sombre.

Genêt à balais  Cytisus scoparius

Il n'est bien entendu repris dans aucun ouvrage quant à son bois. Cela a d'ailleurs été difficile de trouver une tige d'un calibre qui permet de tourner un dé hors cœur.
On peut distinguer une distribution assez originale des vaisseaux : très fins, non discernables (sur ma photo) ils semblent former une zone continue au départ du bois initial pour ensuite se grouper en îlots avec leur parenchyme pour former des figures diagonales parfois croisées ou en boucles. Ces figures noyées dans le tissu fibreux abondant paraissent traversées par les rayons ligneux relativement nombreux et d'épaisseur inégale.(tout ceci peut être rapproché de la description du bois de cytise)
Tout comme son cousin épineux, le bois de cœur se colore de sombre, mais sans suivre pour autant le dessin des cernes.

J'avais encore une essence sous la main, mais à l'examen, le tronçon en attente ne permettait pas de tourner un dé hors cœur.
Qu'à cela ne tienne, l'année dernière un petit décrochage de la glycine qui orne un coin de la maison m'avait amené à l’arrimer provisoirement. Comme tout provisoire bien réalisé, c'était en passe de rester du définitif... mais le fait que la prolifération de la végétation a rencontré le besoin en matière m'a conduit à dresser l'échelle et à jouer à l'élagueur.
Le soir même, j'ai préparé un cylindre au départ d'un tronçon de branche et le lendemain en jouant du four micro ondes j'ai accéléré le séchage. Je n'ai pas eu la bonne idée de peser l'échantillon au départ, il avait déjà un peu perdu le matin lorsque j'ai mesuré 22 grammes. Après trois passages de 45 secondes à 240° il était stabilisé à 19 grammes et j'ai tourné un dé en
glycine  Wisteria sinensis

ce n'est vraiment pas un bois utilisé, alors, pas de support livresque. 
Je devrai me borner à essayer de décrire la photo de détail prise immédiatement après la finition du dé
Ce qui m'a frappé en premier, ce sont les pores ouverts visibles à l’œil nu.
Les zones d'accroissement sont discernables, le bois initial a nettement une Zone Initiale Poreuse.
Les vaisseaux sont côte-à-côte sur la ligne de départ, leur lumière est importante comme chez le chêne ou le frêne et ils sont entourés de parenchyme.
Dans la zone finale on trouve beaucoup moins de vaisseaux et ils sont notablement plus étroits avec toujours leur enveloppe de parenchyme. En fin de cerne ils ont tendance à s'étaler tangentiellement.
Le tissu fibreux (beige plus foncé) est alors assez important.
Les rayons ligneux sont fins, régulièrement disposés et sont très légèrement flexueux
Les cernes annuels ne sont pas larges et ont tendance à se réduire les dernières années.
Un aléa s'est produit il y a deux ou trois ans sur une fraction du cambium et cela se manifeste par cette plage de tissu coloré au travers duquel on croit distinguer des trajets de rayons ligneux. L'activité normale ayant repris mais avec des vaisseaux à peine discernables dans leur plage parenchymateuse.

Voilà, c'est assez pour cette séance, il faut maintenant préparer la suivante.

anatomy of the wood 4
here, I talk about the buddleia the rose and then the Leguminosae family
with: black locust, laburnum, broom, genista and glycine

anatomía de la madera 4
aquí, hablo de la Buddleia la rosa y luego la familia de las leguminosas
con: robinia, lluvia de oro, aulaga, genista y glicina

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