samedi 25 mai 2019

dé pipé

pipé, on va comprendre pourquoi à la lecture... mais ces tuyaux n'ont absolument rien à voir dans cette histoire

J'ai promis de reparler de ce bois que m'avait donné un sympathique jardinier occupé d'élaguer un massif de Kalmia,
à cause de la taille réduite de ses troncs, le bois du laurier de montagne (Kalmia latifolia) n'a jamais été considéré commercialement.
Sauf dans un cas découvert au travers de mes recherches sur le web:
Il semble que jusque dans les années 1960 aux États-Unis, quand les matériaux synthétiques sont arrivés en grand nombre, les lauriers des montagnes ont fourni des tronçons de racines qui pouvaient être substitués à de la bruyère importée coûteuse, pour la fabrication de fourneaux de pipes.

Une autre découverte, a été la toxicité de toutes ses parties, bois, feuilles etc... Ce n'est pas le premier bois ainsi diabolisé, mais ici on trouve une autre dimension. Un des principes de cette toxicité, c'est la grayanotoxine : un terpène qui intervient dans le phénomène chimique de la neurotransmission dans le sens d'une sur-stimulation.
Pour résumer, c'est un truc qui vous booste.
Mais, il y a aussi des actions sur le système vagal qui peuvent déboucher sur de l'hypotension, de la bradycardie et un éventuel blocage ventriculaire. Le grand saut quoi...
Quasi toutes les éricacées sont renseignées potentiellement dangereuses et je m'inquiète au sujet des myrtilles des canneberges et autres airelles... enfin elles doivent faire exception... depuis le temps...
Depuis le temps qu'un autre phénomène lié est connu : le miel. Lors de son élaboration, les abeilles qui ont majoritairement butiné des fleurs de ces charmantes plantes, Rhododendrons, Kalmias et autres, ces abeilles font passer les toxines dans leur miel, ce qui le rend un peu hallucinogène, c'est le mad honey connu déjà de Xénophon (mais pas sous ce nom) et utilisé par Mithridate dans ses luttes contre Pompée paraît-il. Ce miel est produit dans certaines régions : Himalaya, Caucase, littoral turc de la Mer Noire entre autres, dans le but avoué de faire péter les plombs.
Un succédané de cocaïne en quelque sorte et je le soupçonne de ne pas être très légal.
Une autre chose à noter pour revenir à notre bois, c'est son petit nom dans l'est des EU où il est très présent : spoonwood car son fil est dense et serré au point de pouvoir en faire de bonne cuillères.
On revient ainsi à mes cuillers en if et on voit bien qu'il ne faut pas s'exciter sur le sujet...

   - pour approfondir ce que je n'ai fait qu'effleurer :
https://www.fs.fed.us/database/feis/plants/shrub/kallat/all.html#OTHER%20USES
https://www.plantes-botanique.org/genre_Kalmia
https://en.wikipedia.org/wiki/Grayanotoxin

Mais revenons à notre dé. Nous allons le traiter comme les autres bois abordés et je glisserai ce chapitre à la place qu'il doit occuper.

Arbuste acclimaté, essentiellement en massifs décoratifs dans les parcs, nous avons peu de chance de trouver des renseignements dans les sources habituelles. Inconnu chez Venet, Lieutaghi ou Mathieu, c'est par la bande que je vais essayer d'en savoir un peu plus.
Le Kalmia latifolia fait partie comme la bruyère en arbre de la famille des Ericacées
je lui ai adjoint un anneau basal tourné dans ce bois et on distingue tout de suite une parenté bien que ma bruyère vienne d'une souche.
La coupe transversale montre malgré la faible qualité de la photographie une couche serrée de vaisseaux au début du cycle, ensuite les vaisseaux diminuent très progressivement de taille, sont entourés de parenchyme et ont tendance à se grouper en amas orientés radialement jusqu'au bord extérieur où je ne distingue rien de bien particulier.
Les rayons ligneux sont nombreux, moyennement fins mais inégaux.
Le tissu fibreux est abondant et régulièrement réparti sur tout le cerne
Ce cerne peut présenter des ondulations.
L'effet d'obturation de certains vaisseaux doit être du à la présence de poussières de ponçage comme le montre une portion sortie du couteau

Parlant des éricacées, Venet nous dit que la bruyère (Erica) présente des alignements radiaux de vaisseaux, comme l'arbousier (Arbutus) que je n'ai pas.
Mathieu parle des rayons ligneux ; inégaux, les uns médiocrement épais, assez espacés, les autres minces. Les vaisseaux isolés dans la zone d'automne, mais les cernes ne se distinguent pas très bien (on parle de la bruyère, chez Kalmia, c'est bien visible)
Pas de renseignement au sujet de la densité
Un petit calcul me donne 0,685 à l'état sec mais ce résultat doit être considéré comme une estimation

een vingerhoed in Kalmia-hout met wat bespiegelingen over de "gekke honing"

a spoonwood thimble with some reflections on the "mad honey"

Ein Fingerhut aus Kalmia-Holz mit einigen Reflexionen über den "verrückten Honig"

un dedal en madera de Kalmia con algunas reflexiones sobre "la miel loca"

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