dimanche 25 août 2024

rencontre avec Léopold Chauveau

rencontre... oui en quelque sorte.

Cela prend source à la médiathèque de Troyes lors du passage que nous nous sommes offert au début du mois d'août.
Avant de prendre le chemin du retour, le 7 août, nous avons passé un peu de temps dans cette médiathèque, et j'y ai découvert le livre de Norton Cru : Témoins. je l'ai longuement feuilleté.
Dans ce livre, il soumet à son jugement nombre de témoignages édités au sortir de la "Grande Guerre", je n'avais encore jamais pu ouvrir ce livre et cette consultation m'a convaincu, je dois avoir ce livre !
Il était lourd, cher et il avait de toute façon disparu des librairies. A l'époque où je m'intéressais particulièrement à cette guerre  (que nos dirigeants et nos médias sont occupés de réactualiser) il n'était plus édité.
Ce n'est plus le cas depuis le début du second millénaire et j'ai trouvé une édition récente.
Je l'ai feuilleté à mon aise et parmi d'autres découvertes ( le docteur Duez dont je vais rechercher le livre "Jusqu'à l'Yser") j'ai rencontré un autre médecin, il faut reconnaître que la profession a vraiment été en "première ligne", c'est ce docteur Chauveau... inconnu par moi tout comme Duez.
Quelques extraits donnent une petite idée du style, du genre, et je ne résiste pas au plaisir de glisser deux exemples ci après :
dans le chapitre "poste de secours sous un hangar"

Odeur du sang, partout du sang, du sang noir et de la boue, du sang rouge qui coule.
Cris de douleur et râles d'agonie. Un vivant à côté d'un mort, et puis tous deux on les emporte.
Un vivant qui crie, un vivant qui râle, un mort on l'emporte. Toujours on en apporte, des vivants des morts. On en apporte qui sont morts déjà quand ils arrivent. On en apporte qui sont morts avant que j'aie fini de les panser. Les vivants on les emporte. Les morts on les emporte. Toujours on en apporte, des vivants, des morts. On les emporte on les apporte...
J'ai écourté un peu, c'est hallucinant ainsi que l'écrit Jean Norton... ce qui me frappe le plus c'est la musique des mots, le rythme, c'est dantesque.

et dans le dernier chapitre, il est atrocement prophétique Chauveau :
Quand la guerre sera finie; quand nous serons vengés de la plus féroce vengeance, notre haine ne sera pas adoucie.
Quand la guerre sera finie, malheur aux vaincus ! Malheur à nous si nous sommes vaincus.
Quand la guerre sera finie, malheur à nous si nous sommes vainqueurs ! Nous prendrons tout au vaincu, même sa peau, même son âme !
Malheur à lui, malheur à nous...

Quelqu'un qui sait penser ça, qui sait trouver les mots pour le dire pour le faire sentir... qui sait nous plonger dans ce que je ressens comme l'harmonie du malheur... c'est fantastique, c'est dur...
J'ai trouvé un exemplaire de ce livre "Derrière la Bataille" et je l'attends.
Me relisant je ne peux m'empêcher de penser à quelqu'un d'autre mais que j'ai moins ressenti because la langue, c'est Jim Morrison avec ses paroles de the end
This is the end
My only friend, the end
Of our elaborate plans, the end
Of everything that stands, the end
No safety no surprise, the end...

Nous allons momentanément abandonner Léopold Chauveau, mais avant je dois signaler qu'il a abandonné la médecine en 1922 pour se consacrer uniquement à ce qui lui faisait le plus plaisir :
le dessin, la sculpture et les livres pour enfants...

Si intéressé par cet intéressant personnage, plus de détails sont à trouver sur

On parlera plus tard de cette petite visite à Troyes, et aussi des travaux qui se sont poursuivis dans la forêt d'à côté et sur le site de l'usine de Vireux 

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